my hand was the one you reached for (ft. Rhaenyra)

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ft. @Rhaenyra Targaryen

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Cair Paravel était définitivement un endroit plus calme que Port Réal. Si elle avait pris part aux affaires politiques du lieu, la reine ayant demandé ses conseils en la matière le temps qu'elle resterait ici, Alicent se sentiat bien inutile ─ et loin d'être libre. Il aurait été si aisé de partir, de commencer une nouvelle vie, mais à quoi bon ? Toute sa vie elle avait été utilisée par son père, avait été un pion dans un échiquier dont elle ne voyait pas tout le plateau. Elle avait essayé, encore et encore, d'être tout ce que son père était, mais ça ne l'avait jamais réussi. Bien que c'était difficile à croire, elle avait toujours voulu faire de son mieux. Parce qu'elle voulait que la justice soit juste, égale. Parce qu'elle voulait que tout le monde fasse des sacrifices. Mais la seule à en avoir fait, ça avait toujours été elle. Son père ne s'était jamais réellement sacrifié ; il pouvait prétendre mais c'était faux. Viserys avait pu jouir de sa position de roi, et s'il était un homme bon, il ne s'était pas sacrifié. Rhaenyra encore moins. La revoir, être de nouveau proche d'elle le temps d'une soirée avait apaisé les tensions, mais elle réalisait qu'encore une fois, son amie d'enfance était celle qui avait tout ce qu'elle désirait ─ l'homme qu'elle avait toujours regardé, une famille avec des enfants proches et prêts à se montrer soudés en cas de problème. Son père était prêt à nier même ses bâtards. Alors qu'elle... Eh bien, elle avait eu droit à être vendue à un jeune âge, ses enfants étaient perpétuellement en guerre entre eux, Aemond avait perdu un œil et comme seule compagnie, elle avait droit à Lord Larys.Et quelle compagnie... Rien qu'à y penser, elle commença à se crisper, ses doigts s'accrochant fermement au livre qu'elle était en train de lire. La lecture, dans cette solitude qu'était la sienne, était son meilleur divertissement. Elle avait toujours aimé les livres, mais le plaisir des les lire et d'apprendre s'était dissipé avec les années, au fur et à mesure que ses responsabilités la chagrinait, que ses pas s'éloignaient de ceux de Rhaenyra.

Elle soupira en fermant le bouquin. Cela n'allait pas l'aider à arrêter de ruminer. Elle ne cessait de penser au royaume, au chaos dans lequel celui-ci devait être sans elle, avec la mort de Viserys sur les bras. Elle espérait qu'aucune guerre n'avait éclaté, que ses enfants allaient bien. Soudainement, elle regretta de ne pas avoir été meilleure avec eux. Elle n'oserait douter de leur amour pour eux ─ ils étaient la chair de sa chair, elle les avait porté des mois durant et s'était assuré qu'ils allaient tous bien. Mais... Mais le problème fut qu'elle était une Hightower et elle ne pouvait que reproduire l'éducation de son paternel, le souvenir de sa mère s'était évanoui il y a longtemps. Pour la énième fois depuis son arrivée, elle porta ses doigts à sa bouche, ses dents vinrent ronger ses doigts, ses ongles, déjà ensanglantés. L'anxiété qu'elle n'arrivait plus à dissimuler alors qu'elle se cachait toujours derrière ses robes et ses bijoux, ses cheveux toujours coiffés à la perfection. Elle pouvait tout cacher en elle sauf ça. Elle se leva et regarda un moment par la fenêtre de sa chambre, pensive, en quête d'une quelconque vérité. Ce sont des pas précipités qui la tirèrent de sa réflexion. Elle fronça les sourcils et se dirigea vers sa porte qu'elle ouvrit, essayant de déterminer ce qui créait une telle agitation ─ son visage changea du tout au tout quand elle entendit clairement quelqu'un dire qu'un dragon s'était posé près du château.

Un dragon ? Son cœur rata un battement. Cela voulait peut-être dire que quelqu'un qu'elle connaissait était là ─ un de ses enfants, de préférence. Si elle marcha rapidement, elle avait le don de faire passer cela pour une marche à une vitesse normale ; mais elle aurait aimé accourir dehors, se jeter au cou de la personne qui venait d'arriver, pourvu que ça soit quelqu'un qu'elle connaissait. Enfin, elle imaginait bien que les Velaryon ou Daemon n'apprécieraient que très peu de la voir. Néanmoins, une fois dehors, elle reconnut immédiatement le dragon : c'était Syrax. Ce qui voulait dire que...

-Rhaenyra, murmura-t-elle.

Elle poussa la foule en se souciant peu de ses manières, elle frotta ses ongles, ses doigts, elle essaya de cacher tout ce qui revenait à la surface, mais elle ne put rien cacher cette fois-là, parce qu'il n'y avait que la Targaryen face à elle. Et, encore une fois, la distance entre elles était insoutenable, indécente, mais légitime après tout ce qu'elles s'étaient fait subir.

-Princesse fut le seul mot qui traversa les lèvres d'Alicent.

(c) oxymort

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ft. @Alicent Hightower

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Le voyage de retour vers Peyredragon a été long et fatigant mais sa fierté l'empêche de le montrer, même à Daemon. Elle a rejoint ses appartements pour s'assoupir après avoir envoyé ses fils dans les leurs. Elle est épuisée de ces tensions, de devoir s'éloigner de la capitale en permanence et de faire attention à chaque pas qu'elle fait. Le poids de cette prophétie est si lourd à porter. Un jour, elle devra régner et Jacaerys partagerait ce poids avec elle. Mais il est encore trop tôt, elle ne le fera que lorsqu'elle accédera au trône.
La princesse Rhaenyra a promis à Alicent de revenir à dos de dragon et elle compte le faire mais elle a besoin d'un peu de repos. Elle pose sa main sur son ventre et sent un petit mouvement du bébé. Combien de fois les mestres lui ont-ils dit de se reposer ? Que voyager dans sa condition est risqué ? C'est pourtant sa sixième grossesse, elle n'en est pas à sa première et sait comment gérer. Puis elle a tendance à n'en faire qu'à sa tête.

Lorsque Rhaenyra ouvre les yeux, la nuit est tombée. Plusieurs heures se sont écoulées et elle ne s'est pas sentie sombrer. Pourtant, elle est encore seule dans l'appartement. Face à elle, un éclat de miroir brille. Elle s'assoit et tend la main vers celui-ci. A travers l'éclat, elle voit tout et rien en même temps, elle voit d'autres visages, d'autres lieux qu'elle ne connait point. Sans comprendre, elle se sent flotter et glisser, perdre connaissance pour ne rouvrir les yeux qu'au milieu de vaste pièce blanche. Lorsqu'elle parvient à sortir du bâtiment, l'esprit éclairé par ce qu'elle s'apprêtait à vivre ici, elle retrouve Syrax. Sa dragonne souffle et Rhaenyra pose sa main sur les écailles jaunes d'un geste prudent mais la créature est heureuse de retrouver sa cavalière. Alors après quelques instants, elle grimpe sur le dos de la dragonne avant de lui ordonner de s'envoler vers le château le plus proche.
Ce dernier se révéle être Cair Paravel. Chaque zone qu'elle survole ne ressemble à rien qu'elle connait, rien n'est semblable à Port-Réal ou à Peyredragon. Elle pose Syrax sur l'un des remparts intérieurs du château avant de descendre et poser pied à terre. Elle descend du rempart pour rejoindre la cour où une foule se rassemble. Son premier geste est de poser sa main sur son ventre, une main protectrice pour éviter de prendre des coups tandis qu'on vient l'interroger. Elle doit admettre que le dragon pouvait être intimidant, presque menaçant et elle a utilisé cet argument plus d'une fois. Mais aujourd'hui, ce n'est pas son intention.

A travers la foule, une personne se démarque en venant la rejoindre. Alicent Hightower, son âme d'enfance mais aussi sa rivale depuis des années. Elle a toujours voulu la paix entre elles mais chaque fois qu'elles ont essayé d'en revenir à leur amitié, quelque chose s'interpose et vient à nouveau tout gâcher. La Targaryen s'avance vers sa belle-mère et aussi coûteux que cela soit à admettre, vers sa reine.

« - Votre Majesté. Je vous avais promis de revenir à dos de dragon. »

Cette promesse n'a pas été faite ici et n'a plus vraiment de valeur désormais mais Rhaenyra ne l'a pas oublié. Elle n'a pas oublié qu'elles ont fait un pas l'une vers l'autre pour apaiser les tensions qui règne et, qui sait, retrouver l'amitié qui les unissait autrefois.
La Targaryen avance pour rompre l'espace qui les sépare et son regard améthyste se pose sur les mains de la reine, sur ses ongles rongés. Que fait-elle ici ? En tout cas, sa position semble l'inquiéter et la rendre nerveuse, ou peut-être est-ce l'absence de leur famille.

« - C'est un plaisir de vous revoir, souffle-t-elle. »

(c) oxymort

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ft. @Rhaenyra Targaryen

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Plus les années passaient, plus elle peinait à se rappeler de qui elle avait été quand elle était jeune. Du mal à se souvenir de Lady Alicent tellement la reine Alicent avait pris le pas. La reine ─ et non la mère. Si elle aimait ses enfants, elle ne brillait pas par sa fibre maternelle, au contraire. Elle n'avait trouvé de l'intérêt à éduquer ses enfants qu'une fois qu'ils pouvaient se mettre à parler et comprendre dans quel contexte ils se trouvaient. A partir de là, sa paranoïa n'avait fait que grandir : elle devait préparer ses enfants à tout. A des trahisons, des complots, des tentatives de meurtre. Tout le monde était un ennemi, même leur propre famille. Que cela soit Rhaenyra, Daemon ou les Velaryon... Un jour, quelqu'un les voudrait mort. C'était inévitable. Peut-être qu'Alicent se trompait juste sur les personnes ou les circonstances, au final. Elle avait toujours pensé agir pour la prospérité du royaume, de sa famille, pour faire valoir le devoir et le sacrifice, mais dans cette solitude, elle réalisa qu'elle n'avait pas plus de famille qu'elle n'avait aidé à préserver sa famille. Elle avait juste freiné une chute inévitable, causée... Par elle, en partie. Et de quelle famille pouvait-elle bien parler ? Son père l'avait toujours utilisée, et Viserys, malgré sa gentillesse, avait toujours bien pris soin de la tenir éloignée de tout ce qui était personnel. Si ses conseils étaient la bienvenue pour le royaume, elle n'avait pas le droit de parler de la condition de Rhaenyra, ni définir qui les Targaryen devaient être.

Depuis son arrivée en ces lieux, elle n'arrivait pas à se sortir de ce flot de pensées qui ne faisait que tourner en rond dans sa tête, le passé et le présent qui s'entremêlaient dans des trames étranges, le futur de plus en plus incertain, elle qui avait toujours aimé avoir le contrôle sur tout. Elle ne saurait pas dire si elle était soulagée ou confuse de voir Rhaenyra face à elle ─ un peu des deux, certainement, comme à chaque fois qu'elle croisait son amie d'enfance. Elle sentait le combat entre sa colère et son ancienne affection pour la princesse qui était plus fort à chaque fois, un sentiment tentait d'enterrer l'autre. Un sourire s'immisça sur le visage de la rousse à la mention de cette promesse, un sourire bref mais honnête, uniquement dédiée à la femme face à elle.

-Je ne pensais pas qu'il nous faudrait un autre monde pour réaliser cette promesse, dit-elle entre la rigolade et la pique ─ Rhaenyra n'avait-elle pas déjà menti à Alicent alors qu'elle croyait en elle comme elle n'avait jamais cru en personne d'autre ? Le plaisir est partagé, acheva-t-elle en finissant par se tourner vers la foule. Rhaenyra Targaryen est mon invitée, et puisque ma voix est aussi celle de la reine Lucy Pevensie, elle est aussi l'invitée de celle-ci. Je vous prie de ne pas l'importuner et de retourner à vos occupations. Quant au dragon, il est de la volonté de la reine que chaque créature se sente à son aise, laissez donc celle-ci en paix. Dois-je me répéter ? demanda-t-elle en arquant un sourcil.

La foule ne tarda pas à se dissiper, celle-ci tenant peu à tester la résistance d'Alicent face aux négociations et remarques. La reine de Cair Paravel était appréciée du peuple et n'avait que rarement des reproches de la part des citoyens, cependant la Hightower ne jouissait pas du même avantage. Elle qui était si froide et stricte par rapport à leur reine si douce et généreuse, beaucoup se demandaient pourquoi elle avait reçu la confiance de la reine et obtenu le poste, provisoire, de conseillère. Une fois que plus personne ne fut dans son champ de vision, elle passa une main sur son visage dans une mince tentative de faire disparaître la fatigue accumulée suite à ses insomnies.

Avant de regarder à nouveau Rhaenyra, elle regarda Syrax. Les dragons... Elle les regardait toujours avec un certain recul et appréhension. Il faudrait être un imbécile pour ne pas craindre les dragons ; et elle avait vu Syrax grandir tout au long de ces années, autant dire qu'elle n'était pas très sereine quand elle comparait la taille qu'elle faisait durant l'adolescence d'Alicent et presque vingt ans plus tard. Néanmoins, elle mettait sa confiance dans les mains d'un dragon qu'elle craignait et elle espérait que ce n'était pas aujourd'hui que Syrax se déciderait à désobéir. Ses orbes se posèrent de nouveau sur la blonde, lui offrant un hochement de tête poli.

-Puis-je vous proposer de me suivre jusqu'à mes appartements ? Nous y serons mieux installées et vous pourrez vous reposer là-bas, loin des yeux indiscrets, proposa-t-elle en dirigeant son regard vers son ventre arrondi.

(c) oxymort

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ft. @Alicent Hightower

◊ ◊ ◊

Les années les ont éloignées et pourtant, la Targaryenne n’a jamais oublié l’affection qu’elle éprouvait autrefois pour la Hightower. Elle n’a jamais oublié les moments partagés, les rires et les pleurs, les secrets échangés et l’innocence que le monde ne leur avait pas encore volé.
Désormais, elles ont grandi et elles ont perdu ce qui les a uni. Pourront-elles le retrouver un jour ? La question se pose d’autant plus maintenant qu’elles sont dans un monde étranger et qu’elles — particulièrement Rhaenyra — ne connaissent personne d’autre.
Pour l’heure, malgré les paroles échangées, une distance reste et la princesse ne fait pas plus pour la rompre. Elle reste fière et d’autant plus face à Alicent. Ce qui rend ses émotions toujours confuses face à elle, partagées entre cette envie de retrouver leur amitié passée et son refus de montrer le moindre signe de faiblesse qu’elle pourrait exploiter.

La prise de parole d’Alicent face à la foule, les fait s’éloigner et se disperser. Depuis combien de temps est-elle ici ? Elle possède déjà une influence et une certaine autorité sur les habitants de Cair Paravel. Et visiblement, un lien avec la reine de ces lieux.
Elle a également l’air fatiguée. Elle aussi l’est mais elle n’en montre rien et par égard pour elle, elle ne dit pas un mot à propos de cette main lasse qu’elle passe sur son visage.

« — Jikagon, Syrax. », ordonne-t-elle à sa dragonne qui déploie à nouveau ses ailes et s’envole dans les cieux. Elle prend de la hauteur et disparaît dans les nuages. Même Rhaenyra ignore où elle se rend mais elle savait qu’elle reviendra quand elle aura besoin d’elle. Syrax n’est pas une créature que l’on peut enfermer comme un étalon. Aucun dragon ne l’est. Si les Targaryen sont parvenus à les dompter et les faire vivre au cœur de Fossedragon, parmi les hommes. Pourtant la princesse n’a jamais oublié les paroles de son père : L’idée que nous contrôlons les dragons est une illusion.
Quand bien même elle accepterait de mettre Syrax dans un nouvel enclos, enchaînée, elle doute que ce lieu possède des chaînes assez solides et un lieu suffisamment grand pour accueillir la créature ailée.

« — Je vous suis. »

D’un geste, Rhaenyra l’invite à y aller en premier et lui emboîte le pas, sa main toujours contre son ventre. Il lui reste encore une lune avant la naissance mais cette grossesse, plus que les autres, semble la mettre à rude épreuve. Peut-être est-ce parce qu’elle a pu disposer de son temps comme elle le désirait durant les précédentes, qu’elle a pu trouver du repos dans ses appartements à Port-Real où a Peyredragon lorsqu’elle le désirait.

« — Lucy Pevensie est donc reine en ces lieux. Pouvez-vous m’en dire plus sur Cair Paravel ? »

Elle doit l’admettre, Rhaenyra ne sait rien de ce monde. Elle a simplement sauté sur le dos de sa dragonne pour trouver refuge dans le château le plus proche. La suite, elle viendrait au jour le jour.
Pourtant, elle ne s’attendait pas à retrouver Alicent dans ce monde et cela lui donne l’espoir que peut-être, elle puisse y retrouver ses fils, Jacaerys, Lucerys, Joffrey, Aegon et Viserys. Peut-être pourra-t-elle y retrouver Daemon mais elle ressent moins son absence que celle de ces enfants à cet instant. Bien sûr, le bébé qu’elle porte est le sien et elle a toujours souhaité qu’il soit auprès d’elle pour la naissance mais le poids des Sept Couronnes en moins sur ses épaules, elle ressent moins le besoin de l’avoir à ses côtés pour partager avec elle ce lourd fardeau.

« — Si vous êtes ici, est-ce que mon père… Est-il avec vous ? »

(c) oxymort

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ft. @Rhaenyra Targaryen

◊ ◊ ◊

-J'ai essayé de comprendre quel lieu est réellement Cair Paravel mais certaines choses m'échappent. C'est un royaume dirigé par la famille Pevensie, toute la fratrie aurait droit au titre de roi et de reine, d'après ce qu'elle m'a raconté. Cette terre est entourée par d'autres royaumes : le Royaume du Nord, Hurlevent et Edom. Les deux premiers sont en paix avec Cair Paravel, mais Edom... Est l'ennemi de tous. Néanmoins, la reine ne s'est pas encore prononcée quant à la procédure à suivre contre Edom, qu'elle expliqua tout en marchant.

Si son pas était lent, Alicent semblait tout à fait pressée de traverser les couloirs. Il n'y avait que dans ses appartements où elle pourra souffler, où elle se rappellera de leur enfance disparue. Elle se souvint de toutes les fois où elles s'étaient rejointes dans les appartements de Rhaenyra, où elles avaient ri à gorge déployée, où elles s'étaient chuchoter des secrets. Loin des yeux des autres. De la cour. De tout ce qui leur avait fait du mal au fur et à mesure des années. Pourtant, elle hésita pendant un instant devant sa porte. Pouvait-elle vraiment se permettre de laisser entrer la princesse dans sa vie privée à nouveau ? La laisser voir sa vulnérabilité ? Certainement que non. La rancune hantait toujours son coeur, mais les sentiments qui l'avaient habitée pour elle aussi, les deux avaient du mal à coexister depuis des années. Quelque chose ne elle se décida avant son cerveau et elle ouvrit la porte, la laissant voir ses appartements.

Un salon relié à une chambre et une salle d'eau. Un salon constitué de deux sièges accompagnés d'une table basse entre, une table avec deux chaises. Actuellement, c'est tout ce que Rhaenyra pouvait voir, ainsi que cette grande bibliothèque et les livres posés sur la table basse. Aucune de ses affaires ne trainait, elle avait le parfait contrôle sur son environnement. Et voilà qu'elle avait abandonné ce contrôle. Elle devait garder l'emprise sur quelque chose, quelqu'un, qui avait toujours été imprévisible. Et à la personne qui l'avait en partie détruire, elle lui offrait un siège, un coussin ainsi qu'une couverture, comme la bonne hôte qu'elle était.

Alors qu'elle servait un verre d'eau à la blonde, sa question la figea sur place. Viserys. La terrible nouvelle. Elle pinça ses lèvres entre elles, ses doigts s'agitèrent, résistant à l'envie d'encore les ronger, gratter les contours de ses ongles jusqu'au sang. Elle se reprit alors en main et offrit le verre à celle qui fut son amie, autrefois. La seule personne qu'elle avait réellement aimée. A son tour, elle s'installa sur le siège face au sien, l'air grave. Il était facile de deviner que les nouvelles n'étaient pas bonnes.

-Votre père, le roi, est... Mort. Durant la nuit; après notre dernier repas en famille. Je suis désolée, Rhaenyra. Sincèrement, dit-elle avec les larmes aux yeux, tendant sa main vers elle.

Et elle l'était vraiment. Alicent avait peut-être commis des nombreuses erreurs mais elle n'avait pas abandonné son mari. Elle ne l'avait pas aimé comme une femme devait aimer son homme, c'est vrai, mais il y avait eu une sorte d'amour entre eux. Parce que Viserys était bienveillant et avait lutté pour la paix tout au long de son règne. Il n'avait pas été parfait, et elle avait toujours su que tout son amour, il l'avait donné à Aemma. Aujourd'hui, elle ne lui en voulait pas. Cela avait pu la vexer auparavant mais maintenant qu'elle y repensait... Peu importait.

-Je suis incapable de vous dire la suite des évènements car je suis arrivée ici. Je m'en excuse, je... J'aurais aimé que les choses se produisent autrement.

(c) oxymort

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ft. @Alicent Hightower

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Rhaenyra est forcée de lui accorder sa confiance, de dépendre d'elle. C'est une situation particulière, à la fois sécurisante de ne pas être seule et qui la force à mettre sa fierté de côté pour accepter son aide. Elle n'a aucune autre option si elle veut vivre ici. Et elle a besoin d'un endroit où s'installer pour pouvoir donner naissance à son enfant.
Tandis qu'elles traversent les couloirs de ce lieu, la Targaryenne tente de se souvenir du chemin emprunté tout en écoutant les explications de la reine Alicent. Le principe d'avoir plusieurs reines et rois lui semble étrange et pourtant, cela aurait résolu bien des ennuis si elle avait pu le faire, partager avec sa fratrie. Dans sa fierté, elle en aurait été incapable et le royaume ne l'aurait pas accepté. Aegon et ses deux reines ont été acceptés parce que les circonstances étaient particulières mais jamais l'une des six épouses de Maegor n'ont reçu une quelconque légitimité, hormis la première. La polygamie n'était pas acceptée, c'était une chose que les Targaryen n'ont jamais réussi à obtenir de la part de la Foi. Pourtant, elle-même possède, ou possédait, deux époux. Tous l'ignorent et elle a accepté qu'on la blame pour la mort de Laenor car elle connait la vérité et personne ne peut prouver qu'elle y est liée. Pourtant, elle déteste que la princesse Rhaenys la blâme pour cela et ne puisse le lui pardonner mais elle ne peut pas lui dire la vérité. De toute manière, il est trop tard maintenant pour penser à cela.

« — Ils partagent ce titre, c'est... Inhabituel. »

Sa main contre son ventre, elle se demande si elle peut aider contre Edom. Elle n'a jamais été une guerrière, elle n'est jamais allée sur un champ de bataille mais une fois qu'elle aura accouché, Syrax pourra les aider.

« — Si le besoin se fait sentir, Syrax et moi-même seront ravis de vous apporter notre aide. »

En pénétrant dans les appartements d'Alicent, celle-ci se fait accueillante avec elle. Elle lui offre un siège accompagné d'un coussin qu'elle met au niveau de son dos ainsi que la couverture sur ses jambes tout en la remerciant. Pendant un instant, elle se permet d'observer le petit salon. Il est parfaitement rangé et elle n'a rien laissé au hasard, aucune affaire n'est pas à sa place, aucun signe de désordre. Elle reconnait bien là son amie d'enfance, plus ordonnée et droite qu'elle ne l'a jamais été. Qu'elle ne le sera jamais. Sa position doit être épuisante, tout comme l'est la sienne.
Son attitude change quand elle l'interroge sur son père. Rhaenyra la sent se tendre et comprend que quelque chose a changé mais sa gorge se noue, craignant la nouvelle qu'elle va lui annoncer. Elle se saisit tout de même du verre d'eau mais n'ose le porter à ses lèvres avant qu'elle ne lui réponde.

Ses doigts se contractent autour du verre, son corps se tend mais elle refuse de le montrer. Son père est mort. Dans sa poitrine, son cœur fait mal et elle ressent la peine qui accompagne le décès d'un parent. Elle a déjà vécu cela lors de la mort de sa mère mais pourtant, ça n'atténue pas la douleur pour autant. Alicent lui tend la main et l'espace d'un instant, elle hésite à la prendre pour trouver son soutien mais finalement, elle se contente de lui rendre son verre. Elle repousse la couverture, se lève et s'avance vers la fenêtre, conservant son silence.
Pas un mot ne sort de sa bouche alors qu'elle observe l'extérieur. Son visage caché d'Alicent, ses yeux améthyste se remplissent de larmes mais elle n'en laisse pas une couler. Elle cherche ses mots mais aucune parole de réconfort ne lui vient.

« — Auriez-vous envoyé un corbeau pour me le faire savoir ? Votre père aurait préféré couronner votre ainé, je n'en doute pas. »

(c) oxymort

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ft. @Rhaenyra Targaryen

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La rousse se contente de hocher sa tête. Quand elle avait appris la manière de régner des Pevensie, elle avait été surprise, et elle ne doutait pas que Rhaenyra partageait la même pensée qu'elle : cela leur aurait permis d'éviter bien des disputes intestines. Peut-même que ça leur aurait suffit à au moins tous se tolérer, à défaut de s'aimer. Elle pouvait concevoir que ses enfants étaient à l'opposé de ceux de Rhaenyra ─ pourtant, quand ils étaient enfants, ils ne s'entendaient pas si mal que ça. Il n'y avait que son cher Aemond qui avait subi les moqueries des deux partis. Maintenant qu'elle y repensait... Non, elle ne vit aucune manière pour la maison Targaryen de pouvoir coopérer avec elle-même. Cette pensée la peinait plus qu'on ne pouvait le penser, car elle avait plus trouvé d'amour auprès des Targaryen que dans sa propre famille. Elle se souvenait à peine de sa mère, et plus les années avaient passé, plus elle se demandait si sa mère l'avait aimé. Elle se demandait si son père ne lui disait pas qu'elle ressemblait à sa mère à cause de tout le négatif qu'elle avait en elle, sa manière de toujours cacher sa colère, la renier jusqu'à ce qu'elle n'explose.

-Merci de votre proposition, princesse. Mais j'espère que nous ne partirons pas en guerre contre Edom, j'ai proposé à la reine de plutôt se tourner vers un accord de paix, expliqua-t-elle tandis qu'elles entrèrent.

Au moins avait-elle la même philosophie que Viserys pour le règne d'un royaume : il fallait plus de paix que de guerres. Bien qu'elle pensa que la politique était une guerre de tout les jours pour les dirigeants, au moins elle ne nécessitait pas des armées et des soldats, mettait moins de vies en péril au quotidien.

Elle laissa son ancienne amie se mettre à l'aise, la regarda du coin de l'œil. La grossesse la rendait encore plus radieuse que d'habitude. Elle lisait aussi la fatigue sur son visage mais elle avait toujours trouvé que la blonde était embellie de porter la vie, alors qu'Alicent, elle, avait toujours détesté être enceinte. A chaque grossesse, elle maudissait le monde entier. Elle semblait toujours prête à tout lâcher d'un coup pour pouvoir expulser l'enfant qu'elle portait, peu importe le stade auquel elle se trouvait. Pourtant, elle s'était trouvée aux côtés de Viserys tout au long de chaque grossesse ─ néanmoins, elle avait été enchantée de ne pas retomber enceinte après Daeron. Quand la maladie avait trop gagné le roi, ils avaient définitivement fait chambre à part et ne le voyait qu'avant d'aller dormir pour s'assurer qu'il prenait tout ce que le mestre lui avait prescrit. Et, plus sincèrement, elle n'avait jamais éprouvé de plaisir à rejoindre les appartements du roi durant la nuit. Encore une fois, elle l'avait purement fait par devoir.

La nouvelle était affreuse à prononcer. On aurait dit qu'elle l'avait dit naturellement, comme si la rousse elle-même avait accepté cet événement, mais ce n'était pas le cas. Mais le pire, c'était le vide dans sa main ─ juste ce verre d'eau, la froideur de celui-ci et le visage de Rhaenyra lui faisait mal au cœur. Alicent pinça ses lèvres entre elles et alla déposer le verre parmi la vaisselle sale, resta silencieuse pour respecter la blonde. Elle triturait ses doigts pour oublier la position inconfortable dans laquelle elle était avant de tourner sa tête vers la femme, un air surpris sur le visage. La question la blessait mais elle ne pouvait pas nier qu'elle était légitime. Elle aurait aimé que son amie d'enfance sache qu'elle l'aurait prévenue, qu'elle aurait lutté pour elle. Mais elle avait tellement joué contre ses enfants, contre ses actions... qu'elle ne pouvait pas la blâmer.

-Les désirs de mon père sont rarement les miens. Votre père vous aimait plus que tout au monde. Quand je l'ai quittée, ce soir-là, il m'a confondue avec vous. C'était vous qu'il voulait et en l'honneur de cet amour, je me serai battue pour vous, Rhaenyra. Je vous aurai avertie, peu importe ce qu'en pensait mon père, finit-elle par dire.

Mais était-ce la vérité ? C'est ce qu'Alicent aima penser à en cet instant. Que cette déclaration était la vérité. Elle est sûre d'une chose : elle aurait refusé que quiconque fasse du mal à la princesse et sa famille. Mais voir Aegon au pouvoir... Non, ça ne devrait pas être Aegon. Peut-être est-il l'aîné de ses enfants, mais il n'était pas fait pour ce rôle. Parfois, elle doutait même qu'il fut vraiment son fils à cause de son immaturité, son absence de contrôle ainsi que d'intérêt. Et ce qu'il infligeait toujours aux autres... Il aurait été à la merci de son père. Haleana était trop douce pour siéger sur un tel trône et, égoïstement, elle voulait garder Aemond près d'elle et pas au pouvoir. Une part d'elle lui disait que la perosnne qui aurait dû être sur ce trône de fer, c'était elle-même. Pour tout ce qu'elle avait sacrifié juste pour pouvoir prétendre à se faire entendre. Et même mariée à l'homme le plus puissant des Sept Couronnes, jamais personne ne l'avait entendue.

-Par ailleurs, je ne suis plus reine en ces lieux. Vous n'êtes plus obligée de me traiter comme telle, ni de m'appeler par mon titre. Je suis redevenue Lady Alicent, finit-elle par dire, d'une voix plus brisée et plus petite qu'accoutumé. Comme une enfant, elle espérait que cette information changerait quelque chose entre elles. Après tout, leur amitié avait cessé quand elle avait endossé le titre de reine, alors si elle redevenait juste Lady Alicent... pensée stupide. La rousse secoua sa tête avant de mettre la main sur la poignée de la porte, prête à partir. Excusez-moi, ceci a peu d'importance. J'imagine que vous avez besoin de temps pour vous, je vais de suite demander à ce qu'on vous prépare une chambre pour pouvoir vous y reposer. Avez-vous besoin de quelque chose d'autre ?

(c) oxymort

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ft. @Alicent Hightower

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Cair Paravel pourrait avoir besoin de l'aide de Rhaenyra et son dragon. Mais Alicent lui apprend que la reine ne désire point la guerre et cherche la paix. Cela lui rappelle son père, il n'avait toujours voulu que sa famille vive en paix et il avait tenté de les réconcilier, Alicent et elle, leurs enfants, ses fils et ses petits-fils. Mais la haine et les rivalités avaient été plus fortes que lui. Rhaenyra préfère la paix, de toute évidence mais l'intimidation n'est pas une méthode à laquelle elle est étrangère non plus. Les dragons ont fait leur preuve pour conquérir des royaumes ou écraser des ennemis et bien qu'elle n'apprécierait pas d'employer cette méthode, elle le ferait si nécessaire.
Il semble pourtant que cela soit hors de question pour l'heure.

Et l'attention de la princesse se tourne vers vite les informations qu'elle apprend concernant son père. Il est mort et elle reste fière, elle ne le pleure pas mais n'est pas capable non plus d'accepter le réconfort que lui propose Alicent. Elle préfère s'éloigner, poser son regard sur l'extérieur pour conserver sa contenance. Pourtant, la réponse qu'elle apporte à sa question lui donne un peu de ce réconfort qu'elle a refusé. Elle n'ignore rien de l'amour que lui portait son père, elle l'avait vu, il le lui avait prouvé lorsqu'il était venu défendre la prétention de Lucerys comme héritier de Lamarck. L'entendre de la bouche d'Alicent lui fait tout de même chaud au cœur. Mais cela ne lui fait pas oublier le chagrin. Pourtant, elle reste silencieuse, incapable de prononcer un mot. Une fois encore, Alicent semble lui offrir une opportunité de renouer leur amitié et elle en a envie, elle veut retrouver son amie d'enfance avec qui elle a grandi. Et en même temps, elle ne parvient pas à oublier toutes les fois où c'est la Hightower qui a refusé de prendre la main qu'elle lui tendait, lorsqu'elle cherchait à faire la paix. Elle n'a pas oublié non plus les divergences qui les séparent, pas plus que la poignard qui a marqué son bras.

« — À mes yeux, vous serez toujours reine. »

Elle n'en dit pas plus mai elle sait qu'Alicent a fait des sacrifices pour cette position. Elle sait qu'elle ne l'a jamais voulu. Elle ne réalise pas la hauteur de tout ce que son amie a sacrifié mais elle comprend que sa vie n'a pas été tendre. Pas plus que la sienne.
Alors quand la rousse lui demande si elle a besoin d'autre chose, Rhaenyra se tourne vers elle et voit sa main sur la porte. L'espace d'un instant, elle veut lui demander de rester. Elle vient d'arriver dans un nouveau monde, ses repères sont bouleversés et elle a appris que son père est mort. Sa dernière envie est d'être seule ce soir. Alicent avait été là pour elle après la mort de sa mère et peut-être pourrait-elle la laisser être là maintenant qu'elle a aussi perdu son père.

« — Pourriez-vous..., Rhaenyra hésite mais les mots ne semblent pas capable de franchir ses lèvres. — Pourriez-vous également m'apporter une robe pour me changer ? »

La Targaryenne aurait préféré être capable de mettre sa fierté de côté mais peut-elle réellement faire confiance à Alicent ? Elle croit ce qu'elle lui dit, elle sait qu'elle l'aurait prévenu de la mort de son père, elle ne remet pas en doute le fait qu'elle se serait battue pour elle. Mais tant d'années les ont séparées, tant de secrets et de mensonges qu'elles se sont racontées. Une part d'elle a conscience que leur amitié aurait pu perdurer si elle ne lui avait pas menti concernant sa vertu. Elle est celle qui a trahi sa confiance la première. Cela remonte pourtant à si longtemps.
Lorsque la Hightower quitte le petit salon, Rhaenyra ferme les yeux et retient les larmes. Aucune ne coule mais elle grimace lorsqu'elle sent une contraction dans le bas de son ventre. Son visage se crispe et elle se force à retourner sur le fauteuil. La journée a été longue et elle est loin d'être terminée mais la princesse est épuisée. Physiquement, mentalement et émotionnellement. Seulement quelques heures se sont écoulées depuis qu'elle a tenté de saisir ce miroir et pourtant, il semble qu'elle n'a pas dormi depuis des jours.

Dans son dos, elle remet le coussin qu'Alicent lui a donné et sur ses jambes, la couverture. Elle s'affaisse légèrement, laisse sa tête se reposer contre le dossier et ses yeux se fermer. Elle voudrait pouvoir dormir mais tout ce qu'elle voit, c'est le visage de son père qu'elle ne reverra plus. Un père à qui elle n'a pas pu dire au revoir. Elle aurait dû le faire quand elle en avait encore l'occasion. Elle aurait dû savoir, en voyant son état de santé, qu'elle pourrait ne jamais le revoir. Mais elle avait eu l'intention de revenir peu de temps après pour revoir Alicent, pour renouer avec sa famille. Il est trop tard désormais pour cela mais point trop tard pour elle et Alicent. Peut-être ont-elles encore une chance.

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ft. @Rhaenyra Targaryen

◊ ◊ ◊

L'oubli était impossible. Que cela soit tout le bien ou tout le mal qu'elles s'étaient fait mutuellement, oublier était impossible. Elles étaient piégées dans des souvenirs avec des contrastes si opposés que toute tentative pour oublier l'un ou l'autre serait vain. Ce n'était pas faute d'avoir essayé au long de ces dernières années de passer outre ce qui les liait pour la détester, puis d'oublier pourquoi elle l'avait détesté pendant tant d'années pour se reconcentrer sur ce qui avait forgé leur amitié, mais tout était entremêlé, aucun sentiment ne se dissociait. Elle avait aimé Rhaenyra autant qu'elle l'avait détesté, les deux étaient indissociables. Elle n'aurait jamais pu autant maugréer contre elle si elle n'avait pas passé la même quantité de temps à chanter ses louanges. Chacune de leurs actions les coinçait dans cet entre-deux qu'Alicent ressentait comme une déchirure qu'elle avait commencé à Port-Réal, en entrant dans cette robe verte. Une déchirure qu'elle avait continué, rendu plus grande et profonde en s'armant de la dague de Viserys pour entailler le bras de la blonde, dans un acte de vengeance pour l'œil d'Aemond. Elle avait conscience de sa culpabilité et le pire était qu'elle se trouvait encore légitime. Parce qu'elle avait tant sacrifié pour être reine et on ne lui avait rien offert en retour si ce n'est qu'un minime pouvoir. Mais ce pouvoir ne lui avait pas apporté le respect, encore moins l'amour, ni même des lauriers. Ce pouvoir n'vait fait que prendre, encore et encore. Prendre son amitié avec la princesse, sa vertu, l'amour, l'œil de son fils... Que lui restait-il, à la fin, après tant d'abus ?

La rousse ne voulait plus être reine, mais elle refusa de le dire à Rhaenyra. Elle décida qu'elle en avait assez fait pour aujourd'hui et peu à peu, son visage changea. Il redevint froid et solennel, comme si elle s'apprêtait à annoncer une sentence. La sentence du lien qui les avait uni autrefois, peut-être. Celle qu'elle avait reculé encore et encore, refusant de totalement condamner la princesse parce que ça aurait voulu dire qu'elle se condamnait aussi elle-même. Elle se contenta de hocher la tête à la demande de la blonde et sortit de ses appartements en soupirant. Avait-elle retenu sa respiration pendant tout ce temps ? Non. Mais le fait de ne plus se retrouver dans la même pièce que son amie d'enfance était indéniablement libérateur. Cette tâche lui permettrait de se changer les idées et se ressaisir. Elle trouva les domestiques et demanda à ce qu'on emménage une chambre pour leur invitée, ainsi qu'on lui donna une nouvelle robe pour qu'elle puisse la proposer à la blonde. Pendant le temps où ils s'exécutèrent, elle inspecta les lieux avec paranoïa, comme si elle s'attendait à ce qu'à tout moment on tenta de s'en prendre à elle ou pire. A présent, elle craignait qu'on se servit de la princesse pour la heurter, que quelqu'un comprit à quel point sous ses grands airs, Alicent restait fragile et attachée à son passé.

Une fois qu'elle s'assura que tout était prépare comme elle le désirait, la Hightower prit la robe et retourna à son logement où elle trouva son ancienne amie assise sur un des sièges. Elle déposa la robe sur la table basse entre les deux sièges et se tint devant elle pour parler.

-Votre chambre est prête. Lorsque vous le désirerez, vous pourrez être emmenée à celle-ci, j'appellerai un domestique pour vous accompagner. Si vous voulez vous changer dès à présent, vous pouvez aller dans ma chambre, il s'agit de la porte dans le renfoncement près de la fenêtre. Vous êtes libre de partir de mes appartements quand bon vous semblera, finit-elle par dire.

Et puisqu'elle avait décidé qu'elle avait assez mené la conversation, elle prit le livre qu'elle avait commencé à lire avant l'arrivée de la blonde et s'installa à son tour sur un siège. Droite, l'air majestueux et sévère, même lire dans cette position semblait quelque chose qui lui avait été forcé de faire pour que personne ne puisse oublier qui elle était, quel était son rang et le respect qu'on devait donc lui accorder. Pourtant, ce n'était pas cette pose ni aucune autre qui l'avait aidé à échapper à Larys, ça ne lui avait jamais évité de devoir lui dévoiler ses pieds et le voir, l'entendre prendre plaisir parce qu'il pensait que c'était son dû pour apporter son aide à Alicent. Une aide non-négligeable dans un tel royaume où elle n'aspirait qu'à protéger sa famille, qu'à avoir un coup d'avance sur les autres pour éviter tout problème.

Ses doigts se serrèrent autour de son livre à ces souvenirs mais elle reprit le contrôle, comme toujours. Elle ne laisserait rien paraitre parce que peut-être n'était-elle plus reine, mais si elle se laissait aller, elle savait qu'elle ne pourrait jamais s'en relever. Et ça, c'était inimaginable pour elle. Parce qu'elle devait se montrer digne, prouver être une vraie force de la nature, ne laisser aucune place à la faiblesse. Mais en son for intérieure, l'enfant qu'elle avait été pleurait chaque jour face à l'adulte qu'elle était devenue.

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ft. @Alicent Hightower

◊ ◊ ◊

Rhaenyra se détend maintenant qu'elle est seule. Elle n'abandonne pas sa façade pour autant, consciente qu'Alicent peut revenir à tout moment. Elle a hâte de pouvoir avoir sa propre chambre et en même temps, elle ne veut pas rester seule ce soir. Elle a tant eu l'habitude de porter un masque, de se mentir à elle-même mais aussi aux autres pour conserver sa réputation et son image. Elle a menti même quand les preuves étaient contre elle pour convaincre que ses fils n'étaient pas des bâtards, pour faire croire que son mariage avec Laenor était autre chose qu'un arrangement entre eux. Elle a gardé la tête haute et parfois, elle en a elle-même oublié qu'elle a des émotions. Elle a perdu sa mère et pourtant, elle ignore bien maintenant comment appréhender le deuil de son père. Elle veut pleurer mais en est incapable, ses émotions restent enfouies au fond d'elle-même.

Finalement, la rousse revient avec une robe et se place devant elle. Combien de temps s'est écoulé depuis qu'elle est partie ? Peut-être dix, vingt minutes mais cela lui semble avoir duré une éternité autant qu'une seconde. Autant les paroles que l'attitude de son amie d'enfance lui indique que la main qu'elle lui a tendu un peu plus tôt n'est plus là. Elle a remis son masque et Rhaenyra ne peut se résoudre à faire tomber le sien. Il est trop tard désormais, elle aurait dû le faire avant si elle avait eu envie de briser la distance qui les sépare. Elle regarde la robe et lorsqu'elle relève les yeux, Alicent s'est mise à lire dans l'autre fauteuil. Ont-elles encore des choses à se dire ? Elle n'a aucune raison valable de rester plus longtemps dans ses appartements mais n'a pas plus envie de partir que d'être seule.

« — Je vous remercie. »

La princesse se relève et s'empare de la robe qu'elle lui a ramené puis se dirige vers la chambre qu'Alicent lui a indiqué. Elle referme la porte derrière elle et s'arrête une fois à l'intérieur pour observer l'endroit. La chambre est parfaitement rangée et organisée, rien ne dépasse et n'est laissé au hasard. Rhaenyra retire sa robe mais conserve le corset qu'elle porte dessous. Il n'est pas aussi serré qu'elle a l'habitude de le porter mais sa grossesse la force à faire des compromis avec les tenues qu'elle porte. Son ancienne robe entre les mains, elle prend un nouveau moment pour observer encore la pièce et laisse un soupir lui échapper. Il est vrai que son amie lui manque parfois, d'autant plus à cet instant où elle se sent plus seule que jamais. Lorsqu'elle avait perdu Alicent, elle avait eu Criston Cole à ses côtés, puis Laenor d'une certaine façon avant d'avoir Daemon en qui elle a pu placer sa confiance, en qui elle a trouvé un ami et un amant, un époux et un père à ses enfants.
À Cair Paravel, elle n'a plus qu'Alicent.

Lorsqu'elle sort de la chambre, la Targaryenne peine à présenter une façade distante et fière, dénuée d'émotions. Elle est épuisée par cette journée, par les bouleversements soudains et fatiguée de faire semblant. Il n'y a plus, ici, de prophétie, plus de royaume dont l'avenir repose sur ses épaules, il n'y a plus les regards de seigneurs et elle n'a plus à prouver qu'elle mérite de succéder à son père. Il est mort de toute manière et personne ne le sait hormis Alicent. Pourtant, il y a encore tant de choses qu'elle ignore, qu'elle ne peut ou ne parvient pas à lui dire. Des secrets qu'elle tait, qu'elle garde depuis tant d'années. Avant de devenir héritière, avant qu'Alicent ne devienne sa belle-mère, elle aurait confié chacun d'eux à son amie. Que ne donnerait-elle pas pour retrouver ce lien qui les unissait autrefois ?

« — Je suis reconnaissante pour votre hospitalité. Je vais regagner ma chambre mais ne vous dérangez pas plus, je trouverai moi-même un domestique pour m'y conduire. »

Rhaenyra incline la tête d'un geste respectueux et s'avance vers la porte. Sa main se pose sur la poignée et son cœur se serre. Peut-elle encore se retourner et lui demander de rester pour la nuit comme lorsqu'elles étaient enfants ? Elles ne le sont pourtant plus depuis bien longtemps. Leur enfance a pris fin quelque part encore le mariage d'Alicent et du roi et celui de la princesse et Laenor. Après cela, rien n'a plus été pareil.
Son visage se tourne vers elle, ses yeux d'améthyste croisent les siens et la supplient de lui demander de rester, de lui offrir une opportunité pour ne pas se séparer car elle est incapable de le faire elle-même.

« — Bonne nuit, Lady Alicent. »

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ft. @Rhaenyra Targaryen

◊ ◊ ◊

Comme à chaque fois qu'elle tendait à trop s'ouvrir, Alicent se refermait tout aussi vite. Surtout en présence de Rhaenyra. Parce que la blessure était toujours là, comme celle qu'elle avait fait sur le bras de son ancienne amie. La seule différence c'est que la dague n'avait laissé qu'une cicatrice alors toutes les blessures d'Alicent, bien qu'elles étaient en elle-même, soient toujours à vif, prêtes à saigner comme au premier jour, exactement comme ses doigts rongés. Elle se cachait encore et toujours derrière ce que son père lui avait appris, ce que ses grands-parents avaient eux-même faits à leurs fils... Oui, elle était bien une Hightower. Le pire qui lui était arrivée, c'est d'avoir eu la malchance d'être une femme.

Elle hocha la tête aux remerciements de Rhaenyra et prétendit être plus concentrée sur son livre qu'autre chose. Elle intériorisa chaque partie d'elle qui voulait dire à la blonde de rester cette nuit, parce qu'elle ne supportait plus cette solitude depuis tellement d'années ; elle avait rêvé de retrouver son amie d'enfance, de pouvoir la serre dans ses bras comme autrefois ou encore lui chuchoter des commérages à propos des gens de la cour. Elle aurait aimé lui dire ça et plus encore, mais elle son cerveau lui rappela tout aussi vite les fois où elle avait ouvertement dit son attachement à Rhaenyra et que celle-ci avait bafoué tout cela en lui mentant. La rancune était tenace, et peut-être stupide à présent. Mais elle avait défendu corps et âme la Targaryen plus d'une fois, elle avait cru en elle et avait été prête à tout pour qu'elle ait une bonne vie - du moins, ce qu'Alicent pensait être une bonne vie. Mais à chaque fois, elle avait choisi ce qui la rapprochait de ses amants plus que de son amie.

-Normalement un domestique se trouve tout près, je lui ai demandé de rester près de mes appartements pour nous faciliter la tâche, déclara-t-elle sans relever les yeux de sa lecture à part au moment où elle sentit la blonde se diriger vers la porte.

Elle croisa son regard, celui de la rousse n'était pas différent du sien. La même supplication était présente, la même demande. Pourtant, aucune d'elle ne se baisserait à dire ça ce soir. Cela serait un autre soir sans rires et marques d'affection, un énième soir froid dans un trop grand lit, à tourner encore et encore pour savoir de quoi sera fait le lendemain. Avec une moue, elle détourna le regard, affronta à nouveaux les mots de sa page qui s'embrouillaient et ne voulaient plus rien dire car son esprit était totalement ailleurs.

-Prenez soin de vous. Bonne nuit, finit-elle par dire, incapable de prononcer son nom ou son titre.

Quand la porte se claqua derrière Rhaenyra et qu'elle entendit ses pas s'éloigner, là et seulement là, les larmes coulèrent sur son visage.

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