always flamboyant even in death → ft. Kyojuro

De Winterfell, il était passé à d'autres endroits, d'autres villages... Certains, il les avait évités, ayant bien entendu le nombre conséquent de ce monstre blanc au regard bleu. Le but n'était pas de mourir pendant qu'il cherchait ses femmes. Il devait rester en vie. Pour elles. Pour revenir aussi dans son habitation de fortune après une escapade plus longue que prévue. Himari allait mieux, certes, mais ils se retrouvaient l'un et l'autre complètement seuls, séparés de leur propre famille, de leurs proches. La veille, il avait prévenu le corbeau de la jeune fille qu'il allait revenir sur ses pas dans les jours qui suivaient et que Nijimaru viendrait la prévenir de son arrivée lorsqu'il ne serait pas loin. De quoi la rassurer, une promesse n'en étant pas réellement une, qu'il ne comptait pas briser.

Kitej était bien différente de ce qu'il avait encore connu pour le moment... Mais il ne comptait pas s'y attarder : personne n'avait vu ses femmes ou des êtres ressemblant à Nezuko ou à Tanjiro. Une expédition pour rien. Tengen fut pourtant interloqué par certains mots entendus, des phrases mentionnant un homme à la toison blonde et rouge, comme des flammes... Un homme assez bruyant qui avait fait parler de lui pour son tempérament plus qu'avenant. En entendant ces bribes de conversation, une seule personne était venue à l'esprit de l'ancien Pilier : Kyojuro Rengoku... Mais cela était impossible. Même s'ils parlaient de certains morts revenant en marcheurs blancs, il serait alors devenu aussi étrange que ces monstres qu'il tuait... Rengoku était décédé, tué par Akaza, l'une des Lunes Supérieures. Il aurait pu le rejoindre si jamais Nezuko ne l'avait pas aidé... Deux Piliers perdus en deux combats, une seule Lune Supérieure tombée...

Il serrait les dents, la mâchoire crispée, posé contre un arbre, le feu face à lui... La nuit était tombée et, même si la fatigue était là, il ne pouvait fermer l'oeil. Il devait rester aux aguets, prêt à intervenir si jamais un ennemi lui tombait dessus. Le fruit de sa chasse dans l'estomac, son unique oeil était en train d'analyser sa lame qu'il utilisait avec ses dents : ça ne pouvait pas être permanent. Ce ne serait pas efficient sur le long terme... Sa main en moins pouvait être remplacée par une prothèse ou il était peut-être possible de créer quelque chose pouvant porter la lame... Tant de choix, tant de réflexion quand... Finalement, un bruit attirait son attention. Toujours aussi vif, il finissait debout, sur ses pieds, ses petites bombes entre ses doigts...

"Qui que vous soyez, si j'étais vous, je n'oserais pas m'affronter ! riait-il, le sourire éclatant dans la nuit. À part si vous voulez rejoindre les morts de façon prématurée !"

Jusqu'à l'apparition de cette ombre. Cette silhouette qui se dégageait des pénombres de la nuit comme le fantôme d'un esprit perturbé. Les doigts se relâchèrent un instant avant de se reprendre, ne pas faire tomber les bombes... La mâchoire serrée, il fixait cet homme :

"Je ne sais pas si vous êtes un tour de mon esprit fatigué ou un simple esprit envoyé pour me leurrer... Mais votre petit tour m'amuse guère !"

Le ton était bien plus sec, froid... Quelle était donc la chose osant prendre la forme de ce grand homme pour jouer de son esprit de la sorte ?! Qu'importe l'esprit farceur, il subirait le courroux de cet ancien Pilier du Son... Son qui était pourtant annonciateur d'une chose : la personne face à lui était bel et bien réelle. Faite de chair et de sang. Mais la mort du Pilier de Feu était trop récente, trop vive...

Il avait retrouvé Himari et... accessoirement découvert que pour elle, il n'était plus vivant. Mort ce jour-là. Certes, il le disait de lui-même il était normal de mourir, c'était naturel, dans l'ordre des choses. Il l'avait appris bien assez tôt avec sa mère, mais qu'on vous l'apprenne ainsi... Cela donnait une sensation étrange. Il était difficile de le comprendre quand nous étions bien en vie, même si... Oui, il aurait été capable de donner sa vie s'il le fallait.

Un souffle, léger, alors qu'il observait les lieux. Encore un drôle d'endroit, un lieu ne ressemblant pas au Japon qu'il avait connu. Il passait la main dans sa tignasse, tournant la tête de tout côté, employant ses propres sens pour se repérer, ne pas se retrouver où il ne fallait pas jusqu'à s'arrêter, ne reprenant sa route qu'au moment où il était certain de ses pas.

Pourquoi venir dans le coin ? Pas par envie de se promener. Le Pilier de la Flamme se demandant si un lieu plus antique ne pouvait pas receler d'informations encore méconnues.

"- Cela devrait être dans le coin !"

Pourtant en levant la tête, il comprenait aisément que ce n'était peut-être pas le moment de faire des recherches. Le soleil se couchait et il préférait éviter d'arpenter une forêt méconnue dans le noir total.

"- Demain plutôt."

C'était mieux, surtout pour éviter de tomber sur ce qui pouvait être dangereux. Il se remit en quête d'un endroit plus sûr, la nuit tombant alors qu'il avançait toujours... Finissant par apercevoir une lueur connue. Des flammes. Un élément rassurant, un élément auprès duquel il était possible de se réchauffer...

Ou de se prendre des paroles à la volée.

Une voix qu'il connaissait bien, le sourire de l'aîné de la fratrie Rengoku s'agrandissant alors qu'il s'avançait malgré la menace. Comme s'il avait peur du Pilier du Son, cela serait étrange tout de même ! Les pas, il continuait de s'approcher avant d'entendre les mots. Encore une personne à qui il allait devoir apprendre qu'il était en vie donc et...

Tiens.

Il n'avait pas souvenir que Tengen avait subi autant de blessures la dernière fois qu'il l'avait vu...

"- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?"

... La question avant de tenter de faire comprendre qu'il n'était pas mort... BRAVO KYOJUROU !

"- Évite de lâcher tes bombes, je n'ai pas envie d'avoir la fin qu'Himari m'a fait découvrir ! Tengen, je suis humain ! HUMAIN ! Là, je marche, je fais du bruit ! Je respire ! Mon cœur bat ! Je suis content de te voir, même si je ne comprends pas ce qu'il t'est arrivé !"

Au vu du ton froid, sec... Ce n'était pas gagné pour le faire comprendre.

"- Et si tu venais à attaquer pour vérifier mes dires, je n'aurais pas d'autres choix que de me défendre. Je voudrais bien rester en vie, Himari risque de me tuer sinon si je venais à... à... encore ? mourir !"

Même si niveau vitesse... Il risquait d'être dépassé. C'est que Tengen n'était pas le Pilier du Son pour rien en plus d'être le meilleur dans ce domaine, la force revenant à Gyomei... Il ne voulait pas imaginer faire face à ce dernier soudainement.

"- Et si tu me laissais m'expliquer avant de vouloir m'occire ?! Même si tu dois aussi vouloir te réchauffer près du feu. Si tu es là, est-ce que c'est aussi le cas de Makio, Suma et Hinatsuru ?"

... Il disait ça alors que lors du jugement de Tanjirô... Ils ne lui avaient pas vraiment laissé l'opportunité de le faire. Ah que c'était contradictoire sur le coup. Même si, naturellement, il partait encore dans tous les sens. Son esprit était un peu trop insaisissable parfois. En cas de besoin, il avait son sabre à portée de main, la distance ne comptait pas par rapport à leurs capacités respectives.

Et si ils n'étaient pas seuls ici, d'ailleurs ? Il n'en savait rien du tout, il avait beau n'avoir rien croisé la journée, il était possible que cela sorte la nuit. Comme chez eux. Trop d'inconnues... Et trop d'éléments à remettre à plat actuellement pour éviter de mourir des mains de l'autre homme.

La voix le déstabilisait, cet homme qu'il respectait, qui était mort face à l'une des Lunes Supérieures, était là. Face à lui. Il lui parlait. Il lui demandait, tout d'abord, ce qu'il s'était passé... Sûrement par rapport à ses blessures, cet handicap créé autant par la main en moins que par sa vue désormais biaisée par la cicatrice fendant son visage. Tengen ne répondait pas tout de suite, les bombes entre les doigts, prêt à se défendre s'il le fallait. Que ce soit dans sa tête ou un démon d'un nouveau genre, venu profaner le corps, l'apparence, l'âme, les souvenirs de cet autre Pilier qu'il tenait en haute estime, comparé aux autres qu'il jugeait, soit par rapport à la taille de livraison de leur fessier ou leur apparence ou leur force. Ou même leur taille. L'attention reportée sur cette vision du passé, c'était en parlant de bruit... Qu'il se rappelait qu'il était le Pilier du Son. Qu'il avait une ouïe développée au point de lui permettre de savoir ce qui était humain ou pas, ce qui était sous ses pieds, au-dessus de lui... Son ouïe se focalisait dès lors sur lui, sur cette apparition et il comprenait : c'était vrai. Le blond face à lui était bien l'homme qu'il avait connu en tant que Pilier de la Flamme.

La méfiance restait, cette incompréhension, cette impossibilité de se dire que, oui, il était bel et bien en vie. Celui qu'il avait senti comme un autre poids sur ses épaules en apprenant sa mort. Encore un être qu'il n'avait pas pu sauver de ce funeste destin. Ses sourcils se fronçaient à la mention de Himari : était-ce en ce monde qu'il l'avait vue ? S'il était un démon, il n'en avait pas les sons, au contraire... Il avait tout ce qui était de plus humain.

"Croyons un instant que je te crois. - car il devait rester sur ses gardes, il ne connaissait pas toutes les manoeuvres sombres que pouvait créer cet endroit - Où as-tu vu Himari ?"

Une simple question, rien de plus étrange... Juste pour vérifier que la personne face à lui avait bel et bien croisé la femme à la chevelure de braise. Si ce n'était pas un tour pour acquérir sa conscience après avoir, un peu, fouillé les méandres de la mémoire de l'âme de cette homme à la chevelure de feu.

"Non. Elles ne sont pas là. C'étaient elles que je cherchais et non pas le fantôme d'un être qui est mort."

Dans un mouvement lent, il se permettait de remettre les bombes dans leur pochette. Les reprendre pour attaquer cette personne si elle n'était qu'un faux Kyojuro était une chose plus qu'aisée.

"Tu as le son d'un humain. Je ne peux que te l'accorder. Mais rien ne me prouve que tu n'es pas une de ces folies de ce monde et que tu n'es donc pas en train de jouer avec moi, en usant des souvenirs d'un être décédé. Et rien ne pourra me le prouver réellement, cela dit."

Le visage fermé, il l'observait, sceptique. Il souhaitait y croire mais ne pouvait y arriver : les morts ne revenaient pas à la vie. En tout cas, ils ne revenaient jamais humains.

"Je vais donc te laisser le bénéfice du doute... Jusqu'à ce que l'une ou l'autre vérité soit démontrée d'une manière ou d'une autre."

Il avait échappé sûrement de peu à s'en prendre une, de passer de vie à trépas... Pour de vrai cette fois. Même si la méfiance était logique, qu'il devait montrer haori blanc - ... PATTES BLANCHES ! Ton haori est même pas totalement banc ! - et donc prouver à l'autre homme que c'était bien lui.

"- Dans une taverne de Winterfell ! Tu sais cette ville où il parle souvent de ces marcheurs blancs !"

... Et s'il ne savait pas ? Mince alors... Il se creusait la tête pour trouver autre chose, expliquer au mieux. Ne pas faire n'importe quoi.

"- Nous avons discuté un moment, tout simplement, avant d'aller chacun de nos côtés pour le moment. Tu veux que je te raconte aussi notre discussion ou ?"

Il l'entendait mentionner le fait que ses femmes étaient absentes, celui aux cheveux rappelant les flammes se disant qu'alors il les cherchait... Il n'avait rien entendu par rapport à ces dernières lorsqu'il vagabondait de ci, de là, mais... Il ne doutait pas de la souffrance que devait ressentir le Pilier du Son de ne pas savoir où elles étaient, si elles allaient bien.

... Et il en oubliait de penser à lui, à sa propre situation pouvant pourtant être digne d'une flammèche pouvant s'éteindre au moindre mouvement de vent.

"- Je n'ai rien entendu dans les villes où je me suis rendu par rapport à elles, je ne saurai donc pas t'aider pour les retrouver avec les informations que j'aurais pu recueillir."

... Mort... Ce mot qui revenait pourtant... un léger sourire, plus triste à nouveau cette fois.

"- Oui... Elle me l'a dit. Enfin pour un être revenu d'entre les morts, j'ai tout de même la forme !"

Et préciser que tu avais été soigné, aussi, non ? Il marchait, réfléchissait, tournait autours du feu comme si c'était quelque chose de normal... Enfin, cela devait l'être pour le Pilier de la Flamme en fait. Que pouvait-il fait pour le lui prouver, bon sang ?

"- Mon coeur bat !"

... Non, ça ne compte pas au vu de certaines bizarreries.

"- Tu n'as qu'à vérifier si tu veux ! Mais je suis vivant ! Je suis arrivé ici alors que j'affrontais Akaza, je me suis retrouvé sur l'un de ces morceaux de miroir et... Et bien après je n'étais plus là-bas, tout simplement ! Des gens m'ont soigné, s'il faut que je t'amène à eux pour que tu aies une preuve, je le ferai !"

Comment faire ? Mais comment... Les pieds s'enfonçant, il finissait par s'asseoir au bout d'un moment, happé par le feu... Par cet élément semblant danser...

"- Bon sang, j'ai beau dire. Se prendre deux fois à la figure que l'on est mort, ce n'est tout de même pas agréable. Parce que les derniers souvenirs que j'ai, je sais que je voulais protéger tout le monde et je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite, suite à ma disparition, mon arrivée ici."

Les prunelles se relevant, se concentrant sur celui ayant été un shinobi alors qu'il se relevait à nouveau... Ne tenant pas à en place, se rapprochant de l'autre homme.

"- Je me doute que tu dois avoir reçu les soins qu'il fallait, mais je ne sais toujours pas ce qu'il t'est arrivé ! Peu arrive à te toucher, il faut dire que vu ta vitesse c'est normal... Alors te voir ainsi, c'est surprenant ! Comment est-ce que tu utilises tes lames ?"

Il relevait les yeux, se posant vraiment la question... et ayant encore eu un moment où il partait ailleurs en parlant des lames. Une main de ce qu'il voyait, mais toujours les deux... Il devait donc employer une autre méthode. Pas les pieds, il en avait besoin pour autre chose, il ne restait donc que les dents pour soutenir... Se faisant il se demandait si ce n'était pas trop lourd, complexe...

"- Oui, non, je pense avoir la réponse. Tu es débrouillard, je ne doute pas que tu aies trouvé aisément une solution lorsque c'est arrivé !"

... Le sujet initial ? Non ? Il s'en était naturellement éloigné et fixait celui bien plus grand que lui.

"- Je ne m'attends pas à ce que tu aies directement confiance, même si le bénéfice du doute est là. Revoir un être censé être... décédé... ne doit pas être simple."

C'est qu'il avait eu du mal à dire ce verbe. Encore... Il avait du mal à imaginer.

Au moins, il était logique qu’ils se soient rencontrés dans ces environs. Tengen était sûrement le seul à s’être aventuré aussi loin... Mais ce mois de recherches du côté de Winterfell et de ses forêts n’avait rien apporté de plus que le vide. Seule Himari avait été là. Avait été, au passé révolu, puisqu’avant son propre départ pour trouver ses femmes – ou une indication sur la famille Kamado -, les contacts n’avaient plus été si cordiaux qu’au départ. Ce fut avec une amertume mal dissimulée qu’il crachait les mots suivants :

“Non, ça ira. Pas besoin de savoir.”

Cette amertume semblait être reportée entièrement vers la Tsugoku du Pilier de la Flamme face à lui – ou son fantôme extrêmement réaliste et vivant – mais elle était surtout envers lui-même. L’amer goût de la culpabilité se rappelait à lui avec une pointe d’orgueil blessé par les conséquences d’un “écart”. Il avait compris la leçon, les signaux envoyés : il devait se focaliser sur ses femmes, sur leur recherche et les retrouver. Même s’il était le premier à dire de ne penser à lui qu’en dernier, avoir l’impression de n’être qu’une erreur sur un parcours, sans laisser l’occasion de réellement s’expliquer, était plus que blessant.

Ses femmes, qu’il avait osé oublier le temps d’une nuit, ne lui auraient jamais fait ressentir une telle chose. Ce n’était pas pour rien qu’elles lui avaient demandé de prendre sa retraite après qu’ils aient fait tomber une Lune Supérieure. Pour profiter d’une vie ensemble.

“Si tu viens de Winterfell, il y a peu de chances qu’elles y soient. J’ai passé un mois à râtisser la zone entière, les forêts incluses, pour les retrouver.”

Finalement, après sa conclusion sur laquelle il se reposait : la vérité finirait par être démontrée, dans un sens ou dans l’autre, l’albinos s’asseyait à l’exact emplacement où il était juste avant. Il passait sa main sur sa nuque, la frottant et la massant légèrement pour faire disparaître les tensions dans ses muscles, pour apaiser un peu ce corps qui réagissait à ce qui bouillonnait en lui. Il avait toujours eu cette simplicité auprès du Pilier de la Flamme, un homme qu’il tenait en haute estime et en qui il avait confiance. Sûrement un des Piliers avec qui il était le plus proche, le plus sincère... Difficile d’oublier cette habitude, même s’il n’était pas sûr de la réelle nature du blond face à lui.

Il l’écoutait. Difficile de faire autrement lorsqu’on était le Pilier du Son, le créateur du Souffle du Son... Il l’écoutait attentivement, reprenant son histoire et sachant pertinemment que c’était ce qu’il s’était passé. La Mort. Il l’avait frôlée en recevant ce poison, en étant atteint par ces blessures réellement graves... Si la plus jeune Kamado n’avait pas été là, s’ils l’avaient exécutée comme ils en avaient eu l’idée lors du procès, lui non plus ne serait plus vivant.

“J’ai déjà été soigné, oui. - il observait son moignon, recouvert de bandes de cuir pour ne pas laisser paraître la chair mutilée - Quelques temps après ta mort, j’ai été en mission au Quartier des Plaisirs, mes femmes étaient infiltrées dans trois des maisons closes renommées. Il y avait d’étranges disparitions, des femmes... Quand j’ai perdu le contact avec Hinatsuru, j’ai décidé de prendre des filles du Domaine des Papillons mais il y a eu de la résistance. Je te la fais courte, sans donner tous les détails, mais on a fini par combattre la Lune Supérieure 6, qui était dans deux corps distincts, celui d’un frère et d’une sœur. C’est l’homme qui m’a infligé ces blessures. C’est après le combat que je me suis retrouvé ici, après avoir été soigné.”

L’albinos attrapait sa besace et en sortait des morceaux de poisson séché, grignotant. Il se posait enfin et il avait besoin d’avoir le plus d’énergie possible, d’en accumuler...

“Oui, j’ai une solution. Le mieux serait une fausse main où je peux bloquer l’une des lames mais en attendant... - le poisson sur ses jambes, il sortait la lame qu’il utilisait avec ses dents, montrant les modifications faites sur la garde - Ce n’est que temporaire mais ça permet une meilleure prise entre les dents.”

Il lui faudrait sûrement l’intervention d’un forgeron mais, déjà dans son monde, ils étaient cachés et il était impossible de les trouver... Qu’en était-il ici ? S’ils n’avaient pas leur masque distinctif, il serait bien compliqué de les reconnaître au milieu d’une foule, n’ayant jamais vu le moindre visage de l’un d’entre eux. Sans rien ajouter de plus par rapport au combat, il remettait la lame en place et reprenait son poisson, en tendant un morceau vers le blond aux stries rouges. Certes, l’albinos avait fait des rations calculées pour la durée de son voyage mais il ne pouvait décemment pas laisser son ami – ou le fantôme de celui-ci – mourir de faim face à lui.

“Je ne sais toujours pas si c’est réellement toi mais ça fait du bien de te revoir. Au début, je ne croyais pas en ta mort. Je pensais même que les combats seraient bien plus difficiles. Enfin, vu ce que la plus faible des Lunes a pu me faire ! riait-il, son sourire éclatant revenant enfin. Au fait, pourquoi es-tu dans les environs de Kitezh ? Pourquoi ne pas être resté sur Winterfell ?”

Le Pilier de la Flamme percevait aisément l'amertume chez celui du Son, ne comprenant pas réellement. Y avait-il eu quelque chose ? Qu'avait-il raté ? Y avait-il eu une dispute ou... Non, il ne voyait pas du tout, mais il percevait bien que cela n'allait pas, que le sujet était tendu. Habitué à se rendre compte de ce genre de chose, ayant bien vu certaines personnes sombrer à cause de certains sujets même si il lui arrivait souvent d'être brut du décoffrage et de toucher à ce qui était sensible. Il connaissait les deux êtres, se disait qu'ils arriveraient bien à gérer à deux s'il le fallait... Du moins, il l'espérait. Sinon, il ferait son Kyôjurou en leur parlant, c'est que c'était incompréhensible. Un regard vers le ciel, noir comme l'encre à force, et un nouveau rire.

"- D'accord, d'accord, j'évite alors ! Disons qu'il y a un mois j'étais ailleurs, je suis simplement remonté, ai terminé là-bas. Enfin... A venir en aide aux gens, j'ai peut-être un peu trainé en route tout en détruisant de ces drôles d'humains !"

Son souffle l'avait bien aidé, d'ailleurs. Cela lui avait évité à quelque reprise de finir en piteux état, encore.

"- Cela ne me surprend pas de toi ! C'est admirable de les rechercher ainsi !"

Son sourire toujours présent, naturel... Il restait lui-même, scrutant naturellement son ami. Tout de même rassuré de savoir qu'il avait déjà été soigné, écoutant les explications. Une autre Lune... Enfin deux cette fois... Il ne doutait pas du fait que cela avait dû être complexe.

"- Pfiou, c'est tout de même un soulagement de savoir que tu t'en es sorti !"

Contrairement... A lui-même de ce qu'il avait bien compris. Mais savoir que le plus grand et le plus âgé des deux avait survécu malgré ses blessures était un réel soulagement pour le blond. Le regard se posant sur le poisson... Il était aisé de savoir que l'aîné de la fratrie Rengoku n'avait pas encore réellement mangé grand-chose, même s'il le taisait. L'attrapant, le grignotant simplement tout en réfléchissant.

"- Je présume que tu as assez pour ton propre voyage."

Avant de reprendre, par rapport à avant, ce sourire éternellement placardé sur son visage.

"- Je ne m'étais donc pas trompé en imaginant. Au début ça ne devait pas être agréable à prendre à ce niveau."

Retirant sa propre lame qu'il posait à ses côtés, il grignotait toujours son morceau. Ce qu'il faisait dans le coin... Des recherches, naturellement...

"- Oh. J'ai entendu parler que cet endroit sortait de l'ordinaire, je me demandais s'il y avait un lien par rapport à l'arrivée en ce monde, s'il existait un moyen de traverser à nouveau."

Parce que même s'il savait sa finalité... Cela ne l'empêchait pas de s'inquiéter pour les autres, pour ceux qu'il avait laissé derrière lui qui pouvait... il ne doutait que peu de ce que la Lune Supérieur avait bien pu leur faire.

"- Une sorte de soif de connaissance et puis, je ne suis pas réputé pour tenir le plus en place ! Même si j'en viens à me demander si mon frère et mon père se trouvent quelque part, eux aussi..."

Une inquiétude naissante. Son père pouvait aisément se défendre, il le savait... l'ancien Pilier n'était pas faible même si un peu trop porté sur la boisson, mais pour son cadet... Un très léger soupir, l'espérance qu'il allait bien, qu'il était en sécurité quelque part. Avalant les restes de poisson - lui qui liquidait de gros bols ou boites de Ramen, le morceau ne faisait naturellement pas long feu -, il fixait à nouveau l'albinos.

"- Si tu le souhaites, au lever du soleil, nous pourrions arpenter ce coin à deux afin de voir si nous trouvons quoi que ce soit. Cela pourrait aller plus vite qu'en solitaire, même si je sais que cela ne te pose pas de problème."

Il ne le savait que trop bien, même si lui-même partait souvent en solo pour les missions et... se retrouvait à papoter avec d'autres Pourfendeurs sur les lieux ou avec les habitants. Trop sociable, trop pur... Juste lui en somme.

"- Je ne te force à rien, mais comme je compte rester un peu dans le coin le temps de vérifier les légendes urbaines. Tu savais que Kitezh était une ville légendaire ? Que la ville pourrait même être invisible ?"

Fidèle à lui-même. Il avait déjà changé de sujet, passé sur celui de cette cité, cet endroit l'ayant rendu curieux avant de rire.

"- Si elle l'est réellement, nous serions juste à côté que nous n'en saurions rien !"

Oui. C'était amusant à ses yeux alors que cela aurait pût excéder n'importe qui.

"- Je me demande si d'autres coins ont de drôles de légendes. Bon, moins dangereuses que ces marcheurs blancs que l'on croise un peu trop souvent de préférence."

La tête partant vers l'arrière, sa bonne humeur réellement présente. Heureux de retrouver des gens, heureux de savoir qu'ils avaient survécu malgré... les épreuves traversées. Il n'avait pas pu vraisemblablement les aider finalement...

"- Et pour la nuit, nous n'aurons qu'à surveiller à tour de rôle."

Le regard se portant à nouveau sur Tengen, montrant bien qu'il ne comptait pas changer d'avis avant de tendre la main vers les flammes.

"- A l'origine, je voulais continuer mes recherches, mais quand j'ai vu que le soleil commençait à se coucher... J'ai préféré éviter et trouver un endroit en sécurité. C'est comme ça que suis tombé sur toi et finalement, ce n'est pas plus mal !"

Rester seul ne le dérangeait pas, mais cela le rendait plus léger... Si cela était possible.

Éviter. Mince, il avait compris. Enfin, c’était bien la faute de l’ancien Pilier. Il ne cachait pas l’amertume que le souvenir de la jeune femme lui procurait. Il n’avait pas envie d’étaler sa vie privée, ni celle de Himari... Alors, s’il voulait éviter que certains posent trop de questions, il avait intérêt à faire profil bas. À se tenir malgré qu’il soit plus calme et en confiance avec le Pilier de la Flamme. Cette histoire devait être réglée entre les deux seuls concernés, pas par autrui. Il ne fallait pas que ça s’ébruite. Par respect pour elle. Même si... Il secouait la tête, se sortant les pensées de ses souvenirs un peu trop frais et blessants.

“Oui. - un soupir - Si elles sont... Dans ce monde, bien entendu. Enfin, si tu es là, il serait bien malheureux qu’elles ne soient pas là.”

Elles ne pouvaient pas être disparues, elles ne pouvaient pas être restées chez eux... Avec sûrement le fantôme d’un Tengen qui vivrait des aventures que celui, ici, autour d’un feu avec un homme mort, ne connaîtrait jamais... À part si elles arrivaient et lui expliquaient le tout.

“Soit je m’en suis réellement sorti, soit nous sommes tous morts et ici, c’est le Paradis... Enfin.”

S’il méritait de finir au Paradis. S’il avait la chance d’y finir... Trois personnes lui avaient dit qu’il ne devait plus penser de la sorte. Une quatrième avait failli faire tomber certaines de ses convictions mais elle était ensuite partie, vivant à l’écart de l’homme. Qu’était-il, alors ?

Il mâchonnait son poisson, en proposant un à celui qui avait été son ami et qui le serait toujours. Il partageait sa ration, sachant qu’il allait devoir, alors, refaire un stock ou chasser. Comme si c’était un problème... Il avait été entraîné pour ça, non ? Pour être un Shinobi d’exception. Au moins un domaine où il excellait... Parce que s’occuper des autres, veiller sur eux et les empêcher de disparaître, l’on dirait bien qu’il en était tout à fait incapable.

“Je n’aurai qu’à chasser, ce n’est pas un problème. Même s’il fait froid, les bêtes ne manquent pas.”

L’albinos l’écoutait ensuite, après lui avoir demandé ce pourquoi il était dans les environs. Oui, Tengen en avait entendu parler en laissant traîner ses oreilles ici et là, il était si aisé d’entendre et d’écouter les conversations d’autrui. Surtout lorsque sa propre ouïe était aussi fine que celle d’un lapin ou de toutes autres proies ayant besoin de se fier à ses sens pour fuir les prédateurs. Il avait entendu beaucoup de chances mais absolument rien en rapport avec ses femmes...

“J’ai beau avoir écouté toutes les conversations possibles, je n’ai pas entendu parler d’hommes à la chevelure blonde aux pointes rouges. Il semblerait qu’on ne soit que tous les trois, de chez nous, en ces terres. Enfin, si nous sommes dans l’Autre Monde, c’est plutôt rassurant, non ?”

Un Autre Monde où la fatigue était ressentie, tout comme la faim, la soif, le froid... Oui, il tenait bien plus facile qu’un être humain lambda mais son corps se rappelait aussi à lui et faisait le rappel qu’il restait humain et qu’il avait besoin de tout ça. Il entendit le soupir de son ami et eut un large sourire, cachant l’homme blessé pour faire revenir le Dieu des festivités :

“Nous les trouverons ! Ne t’en fais pas ! Et je ne doute pas qu’ils soient en sécurité.”

À sa demande, il souriait tout simplement. Plus léger que précédemment... Être en équipe n’était pas un souci même s’il préférait, tout simplement, être seul...

“Ça ira. Je comptais retourner sur Winterfell. J’ai déjà fait le tour de cette région... Si tu veux, on pourra partager mes provisions, si tu comptes continuer tes recherches. Ou même, tu peux les prendre. J’ai déjà chassé aujourd’hui, ça ne me dérangera pas de recommencer.”

Tengen se laissait aller contre le tronc, un soupir passant entre ses lèvres, la fatigue se rappelant à lui et il riait légèrement :

“Cela se voit-il tant que ça que j’ai peu dormi ces derniers jours ?”

Il fermait l’oeil un instant, l’albinos profitait d’un peu de tranquillité, de calme. Il avait confiance en l’homme à ses côtés et savait qu’il ne risquait rien tant qu’il était là.

“Eh bien, nous voilà. Je me suis simplement arrêté pour la nuit. Avec ces marcheurs, il est difficile de marcher de nuit, surtout lorsque nous n’avons pas le fameux Souffle de la Flamme. Je l’ai envié, ton Souffle, quand j’ai découvert ces lieux. J’ai dû trouver d’autres moyens pour y arriver, pour les brûler. Quelques pierres et c’était bon. Mais avec une main en moins, tout semble étrangement compliqué. Même s’habiller ! riait-il.”

Il était difficile de savoir qui était présent, à quel endroit, le blond le savait parfaitement, s'en rendait compte. S'ils ne s'étaient pas croisé avant alors qu'il était également présent depuis un mois, cela signifiait énormément... Même lui, le comprenait.

"- Je n'ai pas compris le fonctionnement de cet endroit. Hormis qu'il fait glacial dans le coin ! Mais, je suis certain que tu finiras par les retrouver."

Un haussement de sourcils, le regard aussi bicolore que la chevelure se plantant dans l'orbe pourpre. Il était certain de ne pas être mort face à Akaza, cela serait étrange que cela soit le Paradis...

"- Rien qu'en touchant un morceau de miroir ? Cela serait étrange pour finir au Paradis, non ?"

Et puis... Si cela était réellement le Paradis, il aurait dû y retrouver un certain être également.

"- Et je ne pensais pas le Paradis si mouvementé !"

Un rire, naturel. Une main se perdant dans la tignasse et le regard toujours tourné vers son voisin, vers cet ami qui avait tant subi depuis... depuis... Depuis les événements qu'il avait vécus lui.

"- C'est assez surprenant, quand on y réfléchit. Au vu des marcheurs blancs, je me disais qu'il y en aurait bien moins à l'origine ! Sauf que la nourriture ne manque pas, qu'il est aisé de trouver quelque chose à se mettre sous la dent dès qu'ils sont maintenus à l'écart."

Les doigts glissant sur le fourreau de son arme, le regard se perdant dans le vide.

"- Tu ne savais déjà pas que j'étais présent alors que je suis probablement le moins discret de ma famille ! Senjuro passerait bien plus inaperçu que moi !"

Même si, oui, leurs couleurs de cheveux, d'yeux... Difficile de ne pas en parler. Cela sortait de l'ordinaire, ce n'était pas pour rien que l'on disait que celles qui allaient devenir mère dans leur famille fixaient une flamme, cet élément donnant cette teinte. Probablement une simple légende, des racontars idiots... Non, il ne se souvenait plus de ce que sa mère avant fait avant la naissance de son cadet.

"- Un Autre-Monde bien original ! Peut-être que tout est fait pour que cela ressemble à ce que nous pouvions ressentir. Mais tu as raison, s'ils sont quelque part, nous les retrouverons. Tous."

Oui, tous. Même si cela prenait du temps... Même s'ils devaient arpenter chaque lieu de fond en comble, découvrir ceux considérés comme disparus, légendaires, invisibles.

"- Tu sais que je serais capable de te prendre au mot pour le tout, n'est-ce pas ?"

Estomac sur pattes. Tout le monde le savait... Kyôjurou n'était pas l'un des plus petits mangeurs parmi les Pourfendeurs. Il se concentrait à nouveau sur celui... bien plus grand que lui, même assis, cela se voyait et pourtant le plus jeune s'en contrecarrait totalement.

"- C'est là-bas où se trouve le refuge, c'est bien ça ?"

Il réfléchissait, faisait en sorte de peser le pour et le contre.

"- Et si nous échangions, pour commencer, les informations que nous avons ? Cela nous ferait gagner du temps, éviterait que l'on ne tourne pour rien et il sera bien plus aisé de voir ce qu'il vaut mieux faire ensuite."

Une réflexion logique et un nouveau sourire.

"- N'empêche, te voir avec les cheveux ainsi, cela change. Mais cela te va réellement bien !"

Le franc-parler, quelque chose de bien trop présent chez le jeune homme qui disait ce qu'il pensait et... Et venait de passer du plus formel au capillaire... Kyôjurou et sa logique bien à lui... Un mouvement, le corps se redressant quelques instants.

"- Je suis tout de même curieux de te voir chasser, nous ne partions que peu en mission ensemble."

Ce qui n'était pas anormal, il ne détournait juste pas le regard, l'écoutant toujours.

"- Il est vrai que mon Souffle est utile contre eux, mais tu as toujours été ingénieux ! Je n'ai pas grand-chose à faire, au fond, pour leur tenir tête, pas de réels mérites en les affrontant, même si cela me permet de mettre en sécurité bien plus de gens."

Protéger, penser à soi ensuite. Cela avait toujours été pour le Pilier de la Flamme... Faire passer ceux qui avaient besoin d'aide avant, ne plus penser à soi-même réellement sur le moment.

“Ça pourrait être ces fameuses visions dont on parle avant de mourir. On ne sait jamais, il n’y a que ceux qui sont vraiment morts qui doivent le savoir et la seule personne dans ce cas... A vécu la même chose.”

Même s’il était alors injuste de mêler les gens comme Kyojuro et Himari à lui-même. Peut-être n’y avait-il ni Paradis, ni Enfer. Juste un monde où les âmes erraient, vivaient une seconde vie. Au moins, ça expliquait pourquoi elles n’étaient pas là. Enfin, il n’y croyait même pas lui-même. Il était bien en vie. Bien en chair. Il souffrait que ce soit physiquement ou mentalement. Le blond était d’humeur à rire, l’albinos, beaucoup moins. Ils n’étaient que trois, seulement eux trois, enfin, trois, même s’ils se donnaient des nouvelles via les corbeaux : devait-il compter trois ou deux ? Il n’avait qu’à avaler la pilule et accepter ces faits, vivre avec et tout simplement, continuer sa mission : retrouver ses femmes.

“Je n’ai pas cru les voir attaquer les animaux mais peut-être ne suis-je pas tombé au bon moment.”

Il secouait ensuite la tête, rectifiant ses propos :

“En fait, j’avais entendu parler d’un seul homme aux cheveux de flammes, bruyant. Pas de plusieurs. Mais je ne croyais pas en cette rumeur, pour les raisons que tu connais.”

Il ravalait son amertume, ce venin qui lui broyait l’estomac depuis bien avant son départ, pour afficher un sourire. Un sourire éclatant : à se persuader que tout allait bien, tout irait bien mieux.

“Oui. J’ai déjà fouillé les environs de Winterfell... De même pour Kitezh. Peut-être devrais-je aller plus loin ? De toute façon, avec nos corbeaux, il est facile de se tenir au courant de tout ce qui peut se passer. Ta famille sera plus facile à trouver, mes femmes risquent de se fondre dans la masse au vu de leur entraînement. souriait-il en se donnant de la force ainsi.”

Il hochait à la question que lui posait l’ancien Pilier de la Flamme – ou l’actuel ? Il n’en savait rien -.

“Comme je t’ai dit, que ce soit par ici ou à Winterfell, rien à propos des personnes de chez nous. Nous sommes tous les trois. Je ne sais pas si tu as d’autres informations... Enfin, je pense que tu dois être au même point que moi.”

Même s’il espérait que le blond ait d’autres nouvelles, mais il savait qu’il lui aurait dit tout de suite. Il lui aurait annoncé la bonne nouvelle et il n’aurait pas, non plus, posé la question de la localisation de ses femmes. Un rire lorsque l’homme lui parlait de sa nouvelle coupe, enfin, Tengen avait simplement décidé de les laisser lâchés, détachés, les laissant vivre de toute leur longueur.

“Je te laisse imaginer le problème que c’est que de se coiffer quand on a une main en moins. C’est pour ça que je pense de plus en plus à trouver une sorte de prothèse qui pourra me rendre une mobilité complète. La retraite me semble bien loin ! riait-il, le dos contre le tronc d’arbre. Il va falloir que tu te mettes à la chasse, enfin, je vais te donner mes rations. Donc tu n’auras pas à t’inquiéter.”

Le Souffle de la Flamme, bien plus utile que le sien, mais il se voyait mal utiliser la Flamme. Au moins, il n’avait pas à s’inquiéter pour Himari. Ni même pour Kyojuro. Enfin ! Il n’avait pas du tout à avoir peur pour lui, ni même pour elle si le Pilier de la Flamme – ancien, actuel, il ne savait pas sur quel pied danser - décidait de rejoindre leur refuge et qu’elle était dans les parages.

“Ne te sous-estime pas. Tu es bien meilleur bretteur que moi. Tu as presque failli faire tomber l’une des Lunes Supérieures du haut du gratin. - il ouvrait l’oeil, le posant sur les flammes - Puis tout le monde ne sait pas utiliser le Souffle de la Flamme. Nous avons tous notre propre Souffle, notre propre force. Tu as la chance d’être né sous une bonne étoile et, en plus, d’avoir le Souffle le plus opportun pour ce monde.”

L’homme qu’il ne serait jamais. Des opposés. Tengen était un ancien Shinobi, un métier où les hommes devaient se faire discret, se déguiser et vivre dans l’ombre. Ils devaient être dans l’ombre, ils n’étaient pas reconnus par la société... Les Rengoku étaient les membres d’une famille vivant dans la Lumière, les puissants utilisateurs du Souffle de la Flamme. L’ombre et la lumière. L’ombre fixant la lumière en se disant qu’il voudrait bien, un jour, y être mais sachant pertinemment qu’il n’y avait pas sa place. Le dos tourné vers cette lumière qui lui faisait presque espérer qu’il y avait sa place.

“Te joindras-tu à nous, à Winterfell ? Si je finis par décider d’aller bien plus loin, cela serait rassurant de savoir que vous êtes tous deux au même endroit et pas éparpillés un peu partout dans Winterfell ou que sais-je où.”

Il riait, naturellement, mais n'était-ce pas une façade dans certains cas ? N'était-ce pas également un moyen de camoufler les blessures, les peurs ? Personne ne le savait réellement hormis le blond, seul lui pouvait donner la réponse, mais il préférait montrer ce naturel nonchalant, rieur, jovial. Juste être lui... Alors que depuis quelque temps rien n'était réellement simple... Tout ce qu'il pensait connaître était remis en question. Rien que sa propre vie.

Il ne doutait pas que pour ceux l'ayant connu cela était un choc alors que lui retrouvait juste ceux qu'il avait laissés derrière lui...

Alors il écoutait, tout. Il enregistrait la moindre parcelle d'information supplémentaire, classait dans son cerveau afin de retrouver cet élément en cas de besoin. Non, lui-même ne les avait pas vus faire.

"- Je ne les ai pas vus faire non plus."

Un hochement de tête, se rendre plus loin serait une solution, serait mieux afin de savoir si quelqu'un s'y trouvait. Les endroits déjà visités ? Il était possible, à plusieurs, d'y retourner bien plus facilement si une information tombait par rapport à un être recherché.

"- La discrétion n'est et ne sera jamais réellement notre fort."

Une main se perdant dans ses propres cheveux, il continuait de tout prendre en compte, d'essayer de voir si il avait plus d'informations que lui. Sauf que ce n'était pas le cas... Bien sûr... Ils étaient tous deux au point mort, arrivés aux mêmes éléments... De ce fait, c'était assez complexe de pouvoir en ajouter à l'autre.

"- Rien de plus. Malheureusement. J'aurais préféré pouvoir t'éclairer, t'ajouter des éléments à ce que tu savais déjà, mais actuellement... Rien. Mis à part cela, je ne dirais pas non à ce que tu me montres pour la chasse. Cela pourrait tout de même être utile."

Il fixait cet être plus grand que lui. De la chance... Oui, il en avait eu, il le savait. Il savait également que maitriser le Souffle n'était pas simple pour tous, que de nombreux dérivaient d'autres, les mouvements se modifiant en fonction. Il l'écoutait, se mouvait et s'installait juste à côté, sa tête allant contre l'épaule du "géant" albinos. Il ne bougeait plus durant quelques instants, les yeux se fermant un peu.

"- Je pourrais te renvoyer la remarque par rapport au fait de ne pas se sous-estimer, Tengen."

Le ton moins rieur, plus sérieux cette fois. Il avait bien vu les capacités du Pilier du Son au fil du temps... Il se retirait ensuite, s'éloignant, retournant auprès des flammes, vivant naturellement sa vie.

"- Oui. J'ai cette chance dans ce monde. Cela signifie que tu as donc bien plus de mérites que moi pour survivre ici."

Quelques pas, il se baissait près du feu, un doux sourire en le fixant.

"- Tu possèdes également tes forces. Ingéniosité, rapidité, intelligence. Ce n'est pas rien et il n'y a pas que cela."

Le regard et les cheveux rappelant les flammes présentes.

"- Sinon, pour les cheveux, il est vrai que cela doit être bien plus difficile, mais... Tu devrais les garder ainsi, même lorsque tu auras trouvé pour ta prothèse. Des forgerons devraient pouvoir t'aider, il me semble que dans certaines villes il y en avait."

Jusqu'à entendre la proposition, répondant du tac-o-tac. Du... Lui. Tout simplement lui.

"- Tu n'avais même pas à demander. Bien sûr que je viens. Cela te permettra de plus aisément t'en aller pour voir dans d'autres recoins et tu ne devras pas t'inquiéter de l'endroit où nous pourrions nous trouver. Même si, me connaissant, je serais capable de vadrouiller un peu dans les alentours. Mais si je dois veiller sur les lieux, je le ferai."

... Juste lui. Il ne changeait pas, ne changerait jamais. Perdu dans ses pensées quelques instants, les yeux dans les flammes...

"- Peu importe ce qu'il se passera, je serai toujours une flamme inébranlable protégeant ceux qui comptent pour lui."

Avant de tourner la tête, de le regarder à nouveau, souriant tel un chiot - ou une chouette si cela souriait - en observant le plus grand.

"- Tu devrais te reposer un peu, ne penses-tu pas ? Nous pourrons reprendre notre discussion lorsque tu t'éveilleras."

Un arrêt.

"- J'ai confiance en toi. En tes capacités. Laisse-moi m'occuper du premier quart de surveillance afin que tu puisses récupérer un peu."

Plus jeune et voyant pourtant bien que le Shinobi pouvait également avoir besoin de repos... Il n'était pas idiot, même si lui-même n'avait pas énormément dormi lorsqu'il voyageait seul.

"- Nous verrons au lever du soleil pour retourner vers Winterfell ensemble."

Un mot tout simple et pourtant... Le "ensemble" fit sourire un peu plus le bicolore.

"- Et ne me dis pas d'aller me reposer, j'en serais incapable actuellement !"

... Trop d'énergie. Où la trouvait-il ? Aucune idée...

Ils n’avaient pas plus d’informations, que ce soit l’albinos ou le blond, ils étaient tous les deux face à une impasse et ils ne pouvaient faire autrement que d’accepter cette fatalité. Ils étaient perdus dans un lieu inconnu, qui pouvait ou pas être un autre monde où les morts se rejoignaient. Qui pouvait être ou pas, un délire collectif. Même si la durée de ce délire était immensément longue pour l’albinos et qu’il doutait que ce soit réellement le cas. Un sourire s’étirait sur ses lèvres :

“Pourquoi pas demain ? Ça évitera déjà de piocher dans les rations et ça te permettra de voir... Même si, alors, il va surtout falloir que je t’apprenne à être discret. Je me demande si c’est possible !”

S’il se mettait à “crier” ou à parler avec cette tonalité bien forte, il était clair que les animaux allaient fuir et qu’ils se retrouveraient donc sans viande à cuire et à manger. Chez l’albinos, c’était comme une seconde nature, capable de surprendre n’importe quel animal, malgré sa stature et son poids. Albinos qui haussait un sourcil en observant le Pilier de la Flamme qui s’approchait et s’installait contre lui, tête sur son épaule. Il ne bougeait pourtant pas, le regard se perdant dans les flammes face à eux à sa remarque. Ne pas se sous-estimer était difficile pour lui. C’était une facette qu’il préférait cacher à tous, celle d’un homme traînant des boulets aux chevilles depuis sa plus tendre enfance – enfin, tendre, sa vie n’avait rien d’un conte de fées où tout finissait bien, au contraire -. Il l’écoutait mais il n’acceptait pas les mots qui étaient tournés vers lui, ces compliments qui rentraient dans une oreille pour sortir de l’autre sans être assimilés.

Il était et resterait celui qu’il était. Surtout par rapport à l’aîné de la fratrie Rengoku. Il ne pouvait même pas espérer, un jour, être son égal en termes de force, de prestance... Tout le monde l’appréciait, le respectait. Tengen, ce n’était pas tout à fait pareil, surtout à cause de ce comportement de “Dieu” vivant, se croyant tout permis, qui n’était qu’une façade des mieux bâties.

“La survie est un domaine dans lequel j’excelle depuis enfant ! Et je préférerai ne pas être félicité pour ce talent.”

Un “talent” acquis à cause – et non grâce, à ses yeux – de son paternel et de son entraînement inhumain pour des enfants. Depuis qu’il avait pu, il avait été poussé à survivre dans toutes les situations, à être le plus rapide, à être le plus discret... À être le plus létal. Il devait tuer... Et vite. Un Shinobi ou juste un mot plus compliqué pour cacher la vérité : assassin. Ce vrai mot gravé à même son cœur et son âme : assassin. Ce mot écrit sur l’un des boulets à ses chevilles.

“Je verrais bien pour mes cheveux. Il faudra bien les coiffer d’une façon ou d’une autre. C’est qu’en courant ou en combat, c’est dangereux, ce n’est pas pour rien que toi-même, tu les attaches !”

Et sa réponse à sa question le rassurait. Il pourrait dès lors partir pour retrouver ses femmes. Fouiller chaque recoin de ce pays, de ces pays, de ces nations... De ce monde. Pour les retrouver. Et sans avoir une seule distraction. Sans le risque d’être dévié de son but. L’égo blessé revenait à l’assaut et l’ancien Shinobi préférait l’oublier, le laisser sur le côté : il fallait avaler cette fatalité et avancer, comme toujours. Ce n’était pas ça qui allait l’abattre !

“Oui, tu le seras toujours. soufflait-il, jalousement.”

Il fronçait un instant les sourcils en s’en rendant compte : oui, il respectait et enviait son ami. Il voulait être aussi fort, aussi inébranlable que lui. Il avait même puisé sa force de ce souvenir qu’il avait de lui. Mais la jalousie ? À quel moment était-il devenu jaloux de ce que le blond représentait aux yeux des autres ? Pourquoi, pendant un instant, s’était-il dit que, lui aussi, il aimerait bien que l’on reconnaisse ce qu’il avait pu faire ? Que son état n’était pas anodin ? Il secouait la tête :

“Ce monde me met vraiment de mauvaise humeur ! Ne fais pas attention à ce que je dis ! riait-il en essayant de faire oublier ce qu’il venait de dire. Même après un mois, cette neige partout et ces marcheurs blancs me foutent le cafard, en plus, je ne ressemble plus à rien... Vivement que je trouve un forgeron compétent !”

Sa main se frottait les yeux et se pinçait l’arête du nez : oui, il manquait de sommeil, dormant à peine en voyageant seul, obligé d’être constamment aux aguets. Une paire d’heures d’un vrai sommeil ne lui ferait pas de mal et, en même temps, il lui était difficile de déléguer cette tâche - encore cette pointe dans le cœur - à celui que l’on attendait toujours comme étant l’homme le plus avenant.

“Je suis sûr qu’au moment où tu resteras immobile, le sommeil te prendra. Si tu as aussi peu dormi que moi, durant ces quelques jours, ton état doit être bien pire. - un large sourire sur les lèvres - Tu peux te reposer ! Je sais tenir bien plus longtemps que ça sans dormir, ne t’en fais pas !”

La proposition pour le lendemain, le blond l'entendait, hochait vivement la tête. C'était le mieux à faire, même si un rire quittait sa gorge à la remarque de la discrétion. En fait... Les rares moments où il l'était réellement se trouvaient être lorsqu'il était concentré, qu'il pourfendait les démons... Avant de retrouver son tempérament, de parler fort. Même si cela lui arrivait face à certains également.

Dur de camoufler sa nature.

"- Hormis quand je pourfendais ou quand je lis, je ne saurais pas dire d'autres moments où j'étais calme... Mais cela doit être possible. Je pense !"

Bon, là, ce n'était pas gagné. Il s'était déplacé, avait profité quelques instants en posant sa tête contre l'épaule du plus grand et plus âgé. Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi pas ? Kyôjurou ne s'était pas posé de questions en le faisant, ayant fait ça naturellement... Même si... Les mots passaient encore par une oreille pour sortir par l'autre. Entre Himari et Tengen, ça commençait à faire beaucoup ne voulant jamais l'écouter quand il leur disait leurs qualités qu'ils ne voyaient pas eux-mêmes !

Il s'était éloigné ensuite, entendant la remarque, tournant la tête dans sa direction et la penchant. Les flammes derrière lui sur le coup, le crépitement résonnant à ses oreilles, l'odeur titillant ses narines... Des éléments qu'il connaissait à merveille.

"- Je ne le ferai plus si tu ne veux pas !"

Même si cela le fascinait. Pour lui, le pilier du Son était bien meilleur que lui, comme d'autres au fond. Sa vision se retrouvant souvent réduite à néant par ceux ne croyant pas en eux-mêmes. La main de celui de la flamme partait dans les siens, jouait avec les mèches. Oui, ils étaient longs, bien plus à présent même et s'il n'avait pas eu cette habitude de les attacher... Il aurait en fait pu faire un mini fouet avec pour frapper les gens. Une drôle d'idée tien, mais une idée qui se tenait, non ? Enfin, évitons... On oublie cette idée idiote, Kyô'.

"- Il doit y avoir une solution, même si oui... Il faudra les coiffer."

Un malheureusement restait tapi au fond de sa gorge, surprenant le plus jeune. Pourquoi ne le disait-il pas alors qu'il avait l'habitude de tout lâcher comme si de rien était ? Une moue, surprise, apparu sur son visage en percevant le ton employé. Différent des précédents, incompris par le blond qui reportait toute son attention sur l'albinos, le cerveau tournant à mille à l'heure.

Pourquoi ? Il n'avait pas souvenir d'une telle tonalité dans le passé. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Comme cela lui arrivait un peu trop souvent... Ce que tout le monde savait avec lui lorsqu'il ne se perdait pas au milieu de mille idées pour le malheur d'autrui.

"- Tengen ?"

Sa voix montrant clairement qu'il tentait de comprendre, perdu tel qu'il était. Il entendait la suite, incorporait les éléments, mais... Mais la sensation que quelque chose clochait était bien présente. Sauf que rien ne le mettait sur la piste, rien ne lui permettait de placer les pièces du puzzle. Il ne pouvait que croire l'albinos.

"- Hm ? D'accord. C'est vrai que ce monde, cette neige et ce froid sont assez éreintants."

Les prunelles brillants en le fixant.

"- Le jour où tu ne ressembleras plus à rien, au vu de mon tact, je pense que tu seras au courant. Si pas le monde entier. Mais oui, une prothèse t'aidera grandement."

Il creusait pourtant dans les méandres de ses souvenirs... Rien. Il n'arrivait toujours pas à retrouver un moment où il avait été ainsi. Les orbes jaune-orangée captant le sourire, ce sourire...

"- ... Pourquoi ai-je la sensation que l'on va tourner en rond pour le sommeil ?"

Parce que c'était le cas et à ce rythme... Aucun des deux n'allait dormir.

"- Et qu'est-ce qui te dit que je resterais totalement immobile en montant la garde ?"

C'est que le bicolore ne s'arrêtait pas réellement, les sens aux aguets même s'il était occupé. Un soupir, léger... Pourquoi les gens étaient tous si têtus dans ceux se trouvant dans l'entourage proche ?

"- Bien, bien. Si tu ne me laisses pas du tout le choix... Mais à une condition, tu me réveilles dans deux heures."

Sauf que lui-même était têtu quand il le voulait... Tenace. Il utilisait juste sa tête pour trouver une solution qui irait aux deux. Parce qu'il ne désirait pas que l'ex-Shinobi s'épuise inutilement alors qu'il pouvait enfin se reposer un peu également.

Non, il ne voulait pas être félicité pour un talent qu’il tenait d’un entraînement contre-nature. D’une simple cumulation de meurtres, des fratricides purs et simples. Il ne voulait pas qu’on voit en cela une quelconque réussite, un mérite - qu’il soit moindre ou important -… Il était né sans talent, il le disait, l’affirmait même à cette Lune Supérieure lors de leur affrontement. Tengen n’avait ni talent, ni mérite. Il le savait et l’acceptait. Il n’était que l’inverse de cet homme à ses côtés. Il n’était que la nuit face au jour.

Mais il était plus facile de parler capillaire que de mentionner cette part inconnue du pilier du son. De sa main, il tirait sur une des mèches en se rendant compte de la longueur : depuis son arrivée ici, sur ces terres, il n’avait pas fait attention mais oui, ils étaient plus longs. Il allait bien falloir faire quelque chose : les couper ou les attacher. Telle était la question. Demander assistance pour ses cheveux ? Jamais. Il pouvait faire tout et n’importe quoi, même combattre une autre Lune Supérieure, là, maintenant, handicapé mais pas demandé de l’aide pour se coiffer.

Mais les démons revenaient rapidement, tapis dans l’esprit de l’albinos sans qu’il n’arrive à les dompter comme à son habitude. Lui-même avait été surpris par sa voix, par ce ressenti au fond de ses entrailles. Par cette impression d’infériorité. Par cette jalousie. Le fuchsia fixait le blond, sans savoir pourquoi il avait une telle réaction...

“Ah, c’est déjà rassurant ! - un sourire éclatant apparaissait sur ses lèvres, le Dieu en puissance - C’est que je suis toujours aussi flamboyant, si tu ne dis rien !”

L’égo blessé se gonflait tout de même, l’arrogant n’étant pas totalement disparu et il fallait bien, à un moment, qu’il retrouve de sa flamboyance naturelle. Puis ils parlaient du sommeil : aucun des deux n’avait l’air de vouloir se reposer. Tengen voulait ce premier tour, il voulait être le premier à prendre la garde, c’était tout. Peut-être aussi une question de fierté, assurément plutôt !

“C’est promis et, de toute façon, je suis certain que même dans ton sommeil, tu bouges. En espérant que tu ne cries pas en dormant aussi. riait-il en s’installant correctement pour cette garde de deux heures.”



“Le but n’est pas de faire fuir l’animal, tu sais ?”

La nuit avait été... Calme. Oui, plus que calme, même. Les tours de garde s’étaient enchaînés et, enfin, Tengen avait pu avoir une vraie “nuit” de repos et un réveil dans le calme, sans avoir la crainte, durant la somnolence, qu’une menace ne lui tombe dessus. Il en avait profité pour manger et donner ses dernières rations au blond, en espérant qu’il ne dévore pas tout dans les premiers jours de son voyage. Ils étaient ensuite partis en chasse, puisque – l'ancien – le pilier de la flamme souhaitait apprendre ou, du moins, voir l’albinos en action.

Ils avaient remis leurs affaires en place, mettant tout sur le dos, avant de se mettre en marche, en évitant de s’éloigner du chemin vers le point de ralliement.

“Heureusement que je t’ai donné mes rations... Évite de partir sans réserve, j’aurais trop peur que tu finisses par mourir d’inanition !”

L’albinos riait en marchant dans la neige, le craquement des flocons étant le seul bruit que son corps imposant émettait... Et encore, s’il le voulait, il pourrait être aussi silencieux qu’une brise... Enfin, ce qui était sûr, c’était que, concentré ou pas, il serait toujours moins bruyant que le Pourfendeur à ses côtés. Pourfendeur qu’il avait vérifié ne pas être un démon grâce à la lumière du soleil passant entre le feuillage des arbres... Qu’il avait observé lors de son sommeil. Son cœur lui criait de croire en ce miracle alors que sa raison lui murmurait de faire attention. La raison... Que cette idée immatérielle aille se faire voir ! Elle apportait beaucoup de problèmes, actuellement.

“Si nous n’avons toujours rien dans une heure, je te laisserai reprendre ton voyage. Moi, j’irais vers Winterfell. Je ferais un peu plus attention, on ne sait jamais que ta famille soit ici.”

La sienne ? C’était la première fois qu’elle lui venait à l’esprit : ce frère et ce père qu’il n’avait pas tué car il n’en avait pas la force, même si son souhait était que le clan Uzui n’existe plus. Une famille qu’il ne voulait pas voir, le sang ne signifiant plus rien à ses yeux. Sa seule famille, c’étaient ses femmes et elles étaient introuvables...

La nuit... ce moment si dangereux là d'où ils venaient, où les démons en profitaient pour s'attaquer à autrui. Il avait pu dormir, laissant au pilier du son le soin de surveiller en premier. Il avait bien compris à force que cela ne servait à rien de discuter. C'est ainsi, qu'auprès du feu, il s'était laissé aller, l'esprit vagabond.

Jusqu'à être éveillé, prendre son tour pour que l'albinos puisse se reposer, l'observant silencieusement au début. Peut-être avait-il dans ses affaires de quoi lui attacher les cheveux ? Une moue en observant la cime des arbres : pourquoi cela l'ennuierait-il tant qu'il les coupe ? Une main se secouant, un simple "parce que ça lui va bien mieux, tout simplement" s'échappant de ses lèvres. Les tours de gardes se succédant au fil de la nuit entre eux deux jusqu'au petit matin.

Des lors, le rangement eut lieu, la mise en place de leur journée également. Jusqu'à partir à la chasse, le pilier des flammes naturellement curieux... et bien moins discret que celui avec qui il se trouvait. Cet être bien plus silencieux... qui attirait bien trop aisément les regards aussi.

"- hm."

Il réfléchissait, perdu dans les méandres de ses pensées, marmonnant légèrement également avant de l'entendre. Surpris et pris en flagrant délit de... non discrétion surtout.

"- C'est plus fort que moi, je me demande vraiment comment tu fais ! Tu arrives autant à être discret que remarquablement visible avec ta flamboyance naturelle !"

Un nouveau sourire, quelques pas dans la neige, le son crissant sous les pieds et ses orbes bicolores s'arrêtant à nouveau sur le plus âgé avant de rire, perdant le fil de ce qu'il voulait dire.

"- Je suis capable de me débrouiller tu sais ! Peut-être pas de chasser, mais je ne suis jamais mort de faim lorsque je pourchassais les Démons ! Et puis, tu en as aussi besoin de ses rations malgré tout."

Oh, il savait qu'il faisait tâche au milieu de cette neige... que les animaux fuyaient bien plus rapidement. Lui qui faisait partie des plus jeunes parmis les piliers du haut de ses 20 ans, même si certains l'étaient bien plus que lui. De nouveaux pas, une accélération soudaine.

Un gamin suivant son propre code de conduite... qui sortait l'un des rubans de ses affaires pour s'attacher les cheveux, évitant ainsi de les avoir un peu plus dans les yeux. Bien qu'habitué, il avait parfois cette habitude... ou était-ce parce que leur discussion de la veille avait été très capillaire ?

"- Tes cheveux, je peux te les attacher si tu veux. Ils te dérangeront moins ainsi."

Pourquoi s'était-il tourné pour lui faire face et plonger son regard dans le sien ? Aucune idée. Bien que plus petit et devant donc lever la tête pour le faire correctement... Il ne le détournait pas, non plus lorsque l'albinos continuait de parler.

"- J'y pense, je sais approximativement dans quel coin se trouve le refuge et qui s'y trouve, mais pas le lieu précis. Kaname devra me guider jusque-là ?"

Son corbeau... volant actuellement quelque part. Il souriait pourtant, se remettant correctement afin d'éviter de finir les fesses dans la neige... s'en prenant sur la tête en passant sous un arbre.

Bon... Se secouant naturellement pour faire partir le tout avant de voir, plus loin, une petite créature... le réflexe revenant.

"- Un lapin !"

... Peut-être aurait-il dû se baillonner aussi. Mais le regard du pilier des flammes brillait, réellement, la curiosité prenant le pas sur tout le reste. L'excitation aussi d'en avoir vu hein alors que ce n'était pas un animal anormal dans la région.

"- Ah mince... je dois me taire."

Bravo. C'est plus simple pour la discrétion. Le plus jeune plaquant ses mains sur sa bouche, se maudissant intérieurement d'être ainsi. A ce rythme, Tengen risquait surtout de le laisser en plan car cela ne servirait à rien et le Pourfendeur aux cheveux de flammes n'en avait pas envie.

“De l’entraînement. N’oublie pas que j’étais un Shinobi avant d’être un Pourfendeur !”

Né pour être silencieux, né pour être dangereux, façonné pour être une arme silencieuse et mortelle. Tout le contraire de ce qu’il était depuis qu’il était sorti des rangs des Shinobis et qu’il était devenu un Pourfendeur. Le Dieu de la flamboyance, des festivités, un homme haut-en-couleur, avec des accessoires tout autant scintillant que la pleine lune lors d’une nuit au ciel découvert.

“Survivais-tu car il y avait beaucoup d’auberges ou parce que tu avais des rations ? riait-il en posant une vraie question.”

Il se demandait réellement comment il allait pouvoir apprendre à chasser au bicolore. Le silence et la discrétion n’étaient pas ses atouts, que ce soit dans le volume sonore que sa tenue – et ses cheveux – qui ne faisaient que ressortir, surtout au milieu de la Nature enneigée. L’iris fuchsia observait le “petit” Pourfendeur qui se mettait à trottiner dans la neige – la chasse allait être impossible, à ce rythme – tout en se recoiffant, attachant les boucles blondes et rouges pour dégager son visage. L’albinos l’observait faire, en retrait par rapport à lui, la tête légèrement penchée sur le côté... C’était étrange de retrouver un ami mort au combat, c’était... Surréaliste. Encore plus qu’il n’était pas devenu un démon comme la plupart des mourants revenant à la vie.

“Hm ?”

Il était presque surpris, sortant de ses pensées et de son observation, quand il remarquait qu’il était face à lui, le regard planté dans le sien et ayant bien envie de le coiffer. Ils avaient tant parlé de coiffure que c’en était presque naturel que le sujet ne revienne au galop. Pour autant, l’albinos secouait la tête, il savait très bien s’en occuper seul : il n’avait qu’à utiliser les rubans qu’il mettait autour de sa tête ou, mieux encore, celui qui lui permettait de cacher cette immonde cicatrice.

“Pas besoin, ça ira très bien comme ça. Merci !”

Tengen tournait la tête pour observer les alentours et les examiner à la recherche d’une proie qu’ils pourraient traquer et tuer. Son objectif était de lui permettre de survivre dans cette faune sauvage, non ? En sachant qu’il y avait bien moins de villages qu’au Japon.

“Nijimaru peut te montrer le chemin s’il le faut mais je ne doute pas que ton corbeau puisse repérer la cabane, ainsi que Himari et son propre corbeau ! C’est comme tu le sens ! En tout cas, ça ne me dérange pas de te laisser mon corbeau un temps !”

Ledit corbeau venait se poser sur l’épaule de son propriétaire, les serres s’accrochant au tissu de son uniforme et Nijimaru se mettait à se nettoyer les plumes, jetant au sol celles qui se détachaient et dont il n’avait plus besoin. Autant l’oiseau que le maître furent surpris en entendant le cri de joie du Pilier de la Flamme, les deux fixant – et jugeant sans aucune honte – le jeune homme.

“Un lapin, c’est très froussard. Ce n’est pas en hurlant comme ça que tu en auras un ! finissait-il par dire sur le ton de l’humour. Je pense que je vais plutôt t’apprendre à faire des collets. Ça ne demande qu’une préparation sommaire et il ne faut pas traquer les animaux, il faut juste attendre qu’un se fasse choper. Oui, je pense qu’avec toi, ce sera plus facile de faire ainsi !”

À la question le jeune homme réfléchissait sérieusement. Était-ce les rations ou toutes les auberges trouvées qui lui avait évité une mort imminente en plein milieu de la neige ? La réponse était simple... Le fait qu'il n'avait aucune honte à parler avec les gens, qu'il entrait dans les divers endroits le permettant sans se casser la tête. En fait, l'albinos n'avait pas réellement tort, sans cela...

Il serait sûrement en train de mourir de faim quelque part. Seul un rire répondait au début avant qu'il ne passe sa main derrière sa tête. Ennuyé.

"- Surtout les auberges, en fait, hormis dans les zones où je sais en discutant qu'il n'y a rien où j'ai des rations avec moi."

Avant d'attacher ses cheveux, de faire en sorte d'être le moins dérangé possible lors de ses déplacements et mouvements par rapport à cet élément. Il se plantait ensuite face à lui, lui faisant sa proposition et hochant la tête à sa réponse, naturellement tout sourire. Le bicolore penchait la tête, le voyant faire, tout curieux... Tout...

Il ne pouvait dire le contraire, dans un tel environnement, Tengen passait bien plus inaperçu que lui... Lui qui était une cible vivante et bien trop visible. S'il n'avait pas ses réflexes, son souffle... Il n'était pas idiot, il se doutait bien de la finalité qu'il y aurait eue, cette finalité qu'il avait bien trop entendue par rapport à lui d'ailleurs. Kyôjurou apercevait d'ailleurs le corbeau du plus grand - peu étaient aussi grands que lui... Il se demandait comment l'ex-shinobi ne se cassait pas le dos en tout instant -, un corbeau... Connu de tous les autres. Facilement reconnaissable comme son maître... Quelques secondes d'observations, avant de se concentrer sur tout autre chose, de voir ce lapin et de...

Déraper.
Intérieurement, il se maudissait de ne pas savoir se tenir alors que son aîné essayait pourtant de lui expliquer, lui montrer. Il sentait les regards de jugement sur lui, se grattant l'arrière du crâne ensuite, vraiment ennuyé. Ils n'étaient pas sortis de l'auberge s'il faisait fuir tout ce qui passait à leur portée. Pourtant... L'albinos lui faisait la remarque sur le ton de l'humour.

"- ça a été plus fort que moi. Hormis en le faisant mourir d'une crise cardiaque parce que j'ai crié, je ne vois pas sur le coup ce qu'il aurait pu faire d'autre que fuir. Ce sera sûrement plus simple pour les collets, oui."

Au moins... Il n'y avait pas de risques de tout faire partir. Instinctivement, il observait les traces de pattes dans la neige, voyant bien le passage des différents animaux... En plus des plus fraiches de celles de celui qui venait de partir en courant par sa faute. Il était tout de même soulagé qu'il trouve une solution...

"- Ah ! Et sinon, cela ira rien qu'avec Kaname. Au moins, nous aurons bien plus simple de rester en contact si ton corbeau est toujours à tes côtés en cas de besoin."

Un autre sourire avant de lever la tête, se demandant ce que faisait le sien actuellement. Sûrement un tour, Kaname ne le rejoignant que lorsqu'il était à l'arrêt, lorsqu'il devait lui transmettre un message ou... parfois pour le plaisir.

"- Montre-moi !"

Curieux d'apprendre, curieux de découvrir ce qu'il ne connaissait pas. Il avait cette soif de connaissances, même si cette dernière avait principalement été employée pour son art du sabre, pour son souffle... Alors il attendait les directives, essayant de ne pas faire fuir toute la faune locale.

Kyojuro n'était réellement pas taillé pour la chasse. C'était ainsi. Mais cela faisait se poser des questions à l'albinos : comment avait-il pu survivre jusqu'à maintenant ? Certes, sa gentillesse et son optimisme étaient un réel rayon de soleil, une flamme au milieu des ténèbres. De cette façon, il était facile, pour lui, de se trouver des alliés parmi les inconnus et donc, de recevoir le gîte et le couvert. L'albinos observait son vis-à-vis en se disant que cela devait bien être étrange, que de vivre sous toute cette lumière. D'être un phare pour les autres. Un modèle. Un objectif à atteindre mais que l'on pouvait juste effleurer du bout des doigts.

"Je te montrerai pour les collets lorsque je reviendrai auprès de vous, dans notre refuge. Je dois en remettre, ce sera l'occasion pour toi d'apprendre et j'aurais plus de temps à te consacrer."

Au moins, avec les réserves que Tengen allait lui donner, le Pourfendeur n'aurait pas à s'inquiéter d'une quelconque famine. Que du contraire, il avait juste assez, de quoi rentrer chez eux... Enfin, de découvrir cet édifice qu'ils essayaient de rendre le plus habitable possible. Le pilier du son, lui, il n'avait pas réellement envie d'y retourner... Il ne le voulait pas. Il le refusait. Il devait retrouver ses femmes et vivre sa vie, de son côté, sans accumuler d'autres erreurs. Sans en devenir une, encore plus qu'il ne l'était déjà... Une erreur du clan Uzui. Une erreur de Shinobi. Une erreur de Pilier. Il n'aurait même pas pu tuer une Lune, seul... Il n'aurait pas pu. Alors que Kyojuro... C'était Kyojuro qui aurait dû combattre Gyutaro. C'était Tengen qui aurait dû mourir sous les poings de cette autre Lune. Cet Akaza.

"Oui. Enfin, ça devrait aller. Je continuerai un peu de rechercher mes femmes, j'en profiterai pour essayer de trouver ta famille... Puis je vous rejoindrai. Nijimaru sera là avant moi et vous préviendra de mon arrivée."

Un rire passait les lèvres de Tengen lorsque le blond continuait de demander à être entraîné. L'albinos s'amusait de cette attitude, plus jeune, plus léger... Il n'était pas comme lui. Alourdi par bien trop de poids. Le géant tapotait doucement son dos.

"Au refuge, je t'enseignerai. Tu as assez avec les réserves que j'ai pu te donner, ne t'en fais pas. Au pire, essaie la crise cardiaque ? Les lapins sont si froussards que cela ne m'étonnerait pas que tu arrives à en avoir deux ou trois grâce à ta voix si forte !"

Tengen observait un instant son corbeau, si étincelant, si lui... Autant lui que Tengen. Puis son regard se portait sur l'autre Pourfendeur :

"Je te souhaite un bon chemin et je n'ai pas besoin de te conseiller de faire attention. Je sais que cela se passera très bien pour toi."